Chasseurs de chimères - De cape et de crocs, tome 7 par Eric17
« Chasseurs de chimères » est le septième tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux éditions Delcourt dans la collection Terres de Légendes date du mois de janvier 2006. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composé d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous présente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste cité. Le ciel qui surplombe la scène est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gâcher il est habité par le portrait de nos trois héros aux traits respectifs de loup, renard et lapin…
La quatrième de couverture présente le résumé suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystérieux Maître d’Armes. Leur quête semée de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mènera des bas-fonds du port d’Agatharchidès jusqu’aux confins des mers lunaires, au cœur de la Face Cachée, là où rodent les chimères. »
La série a pris un tournant important depuis l’album précédent. Nos héros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le Maître d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerrières que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on découvre cette planète à travers leurs yeux. « Chasseurs de chimères » est pleinement dans cette lignée. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que même les sélénites préfèrent éviter.
Comme je l’avais expliqué dans ma critique du tome précédent, la vie sur la Lune n’est pas si différente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excès que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la même langue et possèdent une organisation sociétale connue sur Terre. Néanmoins, certaines différentes permettent de différencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poésie… Ces subtiles nuances permettent de faire naitre sur la Lune une atmosphère propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu générer la science-fiction. Cette originalité est indéniablement la base de la réussite de la série. En ne révolutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent à nos héros et à la trame de ne pas perdre leur dimension théâtrale, acte fondateur de leurs talents.
Ce voyage vers l’inconnu permet à nos amis de retrouver des repères de leur quête du trésor des iles Tangerines qui a accompagné notre lecture des cinq premiers épisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous déplaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimères » ne cesse pas d’attiser notre curiosité. Ne sachant pas où on va, on s’attend à être pris par surprise au gré de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent à faire monter la sauce. Au fur et à mesure que la narration se déroule, le mystère s’amplifie et nous oppresse. Le dénouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensité scénaristique. Les dernières pages d’apparence plus apaisée ouvre la porte vers un rêve qui ferait pétiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur…
Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de découvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet à Jean-Luc Masbou de rester dans la continuité du travail effectué dans les albums précédents. Le dessinateur possède une capacité forte à donner une identité graphique aux différents personnages. Chacun est rapidement habité et acquiert une existence dès sa première apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dégoût ou affection. En plus de cela, les décors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgré la grande diversité des paysages qui voient errer nos héros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un désert ou au milieu d’une tempête maritime monstrueuse, on est tout le temps plongé dans une ambiance propre à chaque lieu. Il s’agit d’une réelle performance qu’on se doit de signaler.
En conclusion, « Chasseurs de chimères » retrouve le parfum de l’aventure endiablée vers l’inconnue qui avait été laissé de côté lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le côté épique du quotidien de nos héros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intégralité de leur dimension théâtrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amené à marquer l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Son originalité associée à la constance dans la qualité de ses albums est un modèle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulé « Le maître d’armes ». Mais cela est une autre histoire…
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