La paire Chinook/L'Ennemi parue en 1973-74 dans le Journal Tintin constitue un ensemble et il est préférable de lire les deux d'affilée que de laisser passer du temps entre chacun des albums.
BUDDY LONGWAY n'est pas une série de western traditionnel à la BLUEBERRY ou COMANCHE. On n'évolue pas ici dans un milieu de cowboys et d'Indiens, de truands et de sheriffs, de cavalerie et de duels. Si les Indiens ainsi que divers éléments inévitables sont présents, on est toutefois dans un contexte différent. Déjà par la chronologie (le trappeur qui se fait tuer par les Crows a un pistolet et non un revolver) car il semble que l'histoire se déroule dans le début ou le milieu du XIXe siècle et non à la fin comme c'est l'habitude dans les "classiques".
Pour schématiser, on est plus proche de l'esprit du Dernier des Mohicans que de Rio Bravo, et si l'on n'aime pas le western, on peut très bien apprécier BUDDY LONGWAY.


Buddy Longway est un trappeur débutant (voir l'histoire courte "Première Chasse" parue en 1972 dans Tintin sélection 16) et doit tout apprendre de la vie rude qu'il s'est choisie, au point de se faire posséder par des concurrents endurcis.
De ce point de vue, ce début de série est très intéressant, car il permet au lecteur d'être plus empathique avec le héros (ouvertement inspiré du Jeremiah Johnson de Pollack, sorti en '72 sur les écrans) et Derib nous offre un regard plus original sur la vie dans le Midwest américain (apparemment le Dakota du nord). Si son dessin n'a pas la précision de celui de Giraud ou de Hermann, il n'en est pas moins riche de sensations. Ses personnages tout en finesse sont, chacun à son niveau, touchants et réalistes par leur retenue (cf. les Sioux). On ne trouve effectivement pas de dialogues aux formules toutes faites et stéréotypées comme celles que Greg et Charlier produisent au kilo.
Et puis les couleurs automnales et la rudesse de l'hiver telles que décrites par l'auteur sont particulièrement criantes de vérité.


Le seul défaut est que ça va trop vite (raison de plus pour lire les deux tomes d'affilée) car cela diminue cette impression. Et cette rapidité de lecture donne la sensation qu'il manque quelque chose en profondeur. L'Ennemi est moins fort en émotions que ne l'est Chinook, mais il permet d'achever de poser les bases de la série.

Muffinman
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le 30 janv. 2015

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