Avec une ligne éditoriale située quelque part "entre romantisme noir, avant-garde et japonisme décadent", Le Lézard noir continue de nourrir la curiosité des lecteurs français avides de mangas et autres BD japonaises plus adultes et matures. Après le récent succès critique de Chiisakobé, de Minetaro Mochizuki, récemment récompensé par le Prix Asie ACBD 2016, la jeune maison d’édition attaque cette rentrée en publiant les Chroniques new-yorkaises, d’Akino Kondoh. Un journal intime compilant les réflexions drôles et sensibles d'une Japonaise installée aux Etats-Unis.
De quoi ça parle ?
Du quotidien ordinaire d’Akino Kondoh (Les insectes en moi, Eiko), une jeune illustratrice et mangaka japonaise installée à New York depuis 2008. Une expatriation, consécutive à une opportunité professionnelle, que la jeune femme a mise à profit trois ans plus tard afin de nourrir son œuvre. D'abord publiées sur son site internet, ses réflexions sur son intégration au pays de Thanksgiving sont désormais compilées et traduites en français dans Chroniques new-yorkaises. Au-delà de la difficulté de l'apprentissage d'une langue étrangère, elle y raconte ses anecdotes journalières, entre étonnement et interrogations.
Sous la forme de petites nouvelles dessinées sur quelques pages, elle explique, par exemple, ses trucs et astuces pour apprendre à maîtriser l’anglais plus rapidement (aller lire le New York Times dans un bagel store où le serveur est mignon), sa tristesse de ne pas trouver en supermarchés des produits typiquement japonais, comme de la viande émincée pour préparer du porc au gingembre, ou encore des stylos Pilot Frixion, dont l’encre s’efface par frottement.
Pourquoi j'adore ?
Parce que ce recueil de 70 petites histoires sans importance est un formidable révélateur du fossé culturel qui sépare le Japon de l'Occident (au sens large). Car paradoxalement, même si ces Chroniques new-yorkaises sont un récit écrit depuis la Grosse Pomme, elles sont une pertinente porte d'entrée sur la culture japonaise qu'Akino Kendoh essaie, souvent en vain, d'expliquer à ses nouveaux compatriotes. Sans schéma explicatif lourdingue, une astuce graphique prisée par de nombreux mangakas, la Japonaise dresse avec sensibilité un petit précis des us et coutumes japonaises à l'égard des Occidentaux. Et si ses réflexions peuvent parfois paraître loufoques (en quelle langue doit-elle s'adresser au chat d'un ami français qui habite à New York ?), elles sont toujours contées avec poésie.
C’est pour vous si...
Vous aimez la banalité du quotidien, les petits riens de la vie de tous les jours et que la naïveté est, pour vous, une qualité. Et si vous êtes néophytes en mangas, ces Chroniques new-yorkaises sont une belle porte d'entrée dans l'univers de la bande-dessinée japonaise (le sens de lecture traditionnel, de droite à gauche, est conservé), sans toutefois être un récit fictionnel et/ou violent.
Publié sur le blog Pop Up'.