Le manga français est selon moi trop injustement critiqué et je vais tenter avec City Hall de vous le prouver.
City Hall est une bande dessinée, écrite par Rémi Guérin et dessinée par Guillaume Lapeyre. Elle est publiée aux éditions Ankama et compte sept tomes commercialisés entre juin 2012 et juin 2015.
L'histoire se passe au début du 20ème siècle. Un auteur criminel utilise des papercuts (le fait d'écrire la description d'un être sur papier donne naissance à cet être) pour commettre ses méfaits à Londres. Jules Verne et Arthur Conan Doyle sont chargés de l'enquête.
Nous avons un pitch de départ vraiment très original et terriblement séduisant ! Accorder tant de pouvoir au papier et donc à l’écriture est un joli clin d’œil de la part d’auteurs. La magie des mots prend ici tout son sens.
L’idée de départ est à la base excellente, cela change de ce à quoi nous sommes habitués, mais introduire tous ces personnages historiques est sans doute la véritable idée géniale du titre ! Quoi de plus normal après tout quand le titre est basé sur le pouvoir des mots que de mettre des auteurs en personnages principaux ? Mais encore fallait il penser de choisir des figures aussi emblématiques que celles-ci : Jules Verne et Arthur Conan Doyle ! Mais bien d'autres viendront croiser leur route au fil des tomes : on pourrait citer en vrac et dans le désordre : Victor Hugo, Lovecraft, Tolkien, Mary Shelley...et tant d'autres.
Mais on ne croisera pas que des auteurs, on rencontrera de nombreuses autres figures emblématiques qui ont fait notre histoire : Nikola Tesla, Houdini, Abraham Lincoln, Thomas Edison...
L’univers de la série est vraiment à part et unique !on trouve une ambiance saisissante et vraiment envoûtante. Faire du papier et des mots apposés dessus une arme de destruction massive est une superbe illustration de l’adage disant que « la plume est plus forte que l’épée ». On pourrait presque y voir un message symbolique.
Et pour couronner le tout, et encore pour donner de l’importance à la force des mots, chaque tome est rempli de citations d’auteurs célèbres, de belles citations illustrant plus ou moins bien les événements du volume ou en tout cas justement cette puissance du verbe !
Découpé en deux parties distinctes, le titre qui aurait dû se terminer au troisième tome pousse jusqu'au septième pour une seconde partie tout aussi passionnante que la première. Nous avons là un titre qui ne faiblit pas, chaque volume apportant son lot de nouveautés et ses surprises, ses personnages et ses sous-intrigues...prenant de bout en bout ! Le dessin est très beau et, fait rare quand il s’agit d’auteur Français, il pourrait parfaitement passer pour un trait Japonais. N’importe qui lisant cette série sans savoir qui en sont les auteurs pourraient s’y méprendre. Non pas que les Japonais aient plus de talent, mais c’est important de le souligner pour faire taire les mauvaises langues qui se ferment à tout ce qui n’est pas Japonais !
Le final se réserve en fin de compte époustouflant, car même si la vérité est toute simple, elle n'était pas forcément prévisible. La classe de Jules Verne au dernier moment laisse difficilement indifférent, et la conclusion s'avère assez dantesque, bien qu'amère d'un certain côté... Mais une fin différente n'aurait assurément pas donné un résultat si bouleversant, si excellent tout simplement.
En conclusion, City Hall est une grande série qui se doit de trôner dans votre bibliothèque et puis soutenir des auteurs Français possédant un tel talent devrait être obligatoire. En sept tomes, ce qui est une longueur idéale pour une série développée sans être trop longue, Guillaume Lapeyre et Rémi Guérin ont relevé haut la main le défi de prouver qu'il est possible de créer d'excellents manga en France. À découvrir sans hésitation si ce n'est pas encore fait !