De retour sur Darkness avec ce tome 2, Silvestri et Ennis s'emmêlent un peu les pinceaux et proposent une histoire franchement passable. On notera l'arrivé de Malachy Coney au scénario pour soutenir Ennis et faire, ensuite, cavalier seul. Dans les faits, ce tome est un peu planplan, ralentissant par rapport aux précédents, il n'offre qu'une suite de combats avec une intrigue qui manque d'envergure et utilise des ficelles déjà bien connues. Le ton est cependant plus géré, et l'aspect maléfique est d'avantage mis en avant. Le côté humour sexuel est délaissé au profil d'un côté bad-ass classe plus assumé. Bien que pétant dans tous les sens, ce tome se maîtrise mieux que le précédent.
Ce second tome est composé de 4 histoires séparées.
La première raconte le retour de Appolonia, la fille de Don Franchetti, le parrain de la mafia new-yorkaise et père de substitution pour Jackie. Celle-ci déteste Estacado, et, en réalité, méprise son père qu'elle voit comme un monstre qui a transformé sa mère en légume. Bien que Franchetti rêve d'unir sa famille dans une ambiance pleine d'amour, Appolonia, elle, rêve de trouver le pouvoir de vaincre ses ennemis. A cette fin, Sonatine prétend pouvoir l'aider et appelant le dangereux et tout puissant Angélus. L'ennemi héréditaire du Darkness est donc de retour.
Cette histoire, la plus grosse (un tiers du tome) manque franchement d'intérêt. Le personnage d'Appolonia manque de grandeur tandis que Franchetti est tellement dans l'exagération du mafieux cruel qu'on manque d'empathie pour sa tentative de recréer un embryon familiale. Sonatine est également de retour de manière bien inexplicable et réintroduire, si vite, si tôt, l'Angélus donne le sentiment que Garth Ennis ne savait pas vraiment où il allait.
Malachy Coney reprend le bébé ensuite et propose un nouvel adversaire pour le Darkness : la Magdalena. Une envoyé de l'église catholique, qui possède la lance de Longin et est envoyé pour détruire les ennemis de Dieu. Cette histoire est plutôt bonne et plaisante.
En effet, la Magdalena est envoyé par le Cardinal Innocent dans le plus grand secret et on sent qu'outre le Darkness, des plans sont ourdis par les mortels. Très bonnes histoires, sur la notion de Dieu, du péché et avec la preuve que le mal se cache parfois sous le déguisement le plus surprenant. On a un petit goût de Spawn, cela dit, mais il est difficile de faire autrement.
La troisième histoire est en deux parties seulement et amèe Nicoletta, la cousine de Jackie. Celui-ci doit faire le chaperon alors qu'un contrat de plusieurs millions a été mis sur sa tête. Résultat : il passe la journée à se battre contre des tueurs à gage. L'histoire est classique mais fonctionne, l'humour nonchalant de Estacado étant partout présent ainsi que l'émanation maléfique du Darkness.
La dernière est beaucoup moins bonne, également en deux parties, on y voit le retour de Jenny. Estacado doit aller la sauver, mais dans une ville fantôme. Assez pitoyable dans le fond et la forme on se demande quelle idée avait (ou n'avait pas) Malachy Coney. Après la réintroduction de Sonatine et l'Angélus, on a maintenant Jenny. Comme si l'histoire était incapable d'aller de l'avant et n'osait pas, pour autant, revenir concrètement sur des décisions passées.
Le récit n'est pas très intéressant et colle au plus près de ce qui a déjà été dit dans les histoires précédentes.
On a donc 4 histoires, une mauvaise, une franchement limite, une moyenne et une bonne. On fait donc un peu les montagnes russes de la qualité avec ce second tome. Le problème c'est qu'on ne sait guère dans quoi, et vers quoi, on se dirige. On a l'impression que ni Garth Ennis ni Malachy Coney ne savent vraiment quoi faire du Darkness. Et souvent, l'histoire reste la même : une merde biblique arrive sur Estacado qui parvient à la vaincre parce que le Darkness est trop puissant. C'est ça et c'est tout.
Niveau dessin, c'est plutôt bon, ne nous le cachons pas. On garde le sexy mais on perd l'aspect totalement dépravé et les muscles énormes. Le sang vise aussi à faire plus dégoutant et moins expendable. En somme, graphiquement, ça évolue peu, mais le peu suffit à rendre la lecture plus plaisante. Notons l'arrivé d'un David Finch en grande forme qui vient aider Benitez.
En sommes, le tome se laisse lire, déçoit beaucoup par son démarrage en-dessous des attentes du lecteurs mais parvient à le rassurer dans la suite des histoires. On referme cependant le tome avec un ton sceptique, sans savoir si Darkness va aller en s'améliorant ou en stagnant.