Au rang des oeuvres du dessinateur Belge, Coke en stock ne tenait pas la place du plus mémorable. Pour cause une pagaille de personnages utilisés tout azimut pour servir un imbroglio scénaristique mal ficelé et parsemé d'incohérences. Mais là où les lecteurs d'Hergé font forts c'est qu'ils y voient clairement sa volonté de compiler (une nouvelle fois) tout ce qui a fait le succès de son héros et pire : de s'en moquer.
Pourtant ça commençait bien. Au sortir d'un film, Haddock tente maladroitement d'expliquer à Tintin comment celui-ci était inconcevable et à la limite du saugrenu en prenant pour exemple la rencontre totalement fortuite du bien nommé Alcazar, quand soudain il surgit du coin de la rue et rentre en collision avec le capitaine comme notre bon sens avec l'absurde réalité. Satire de l'une de ses facilité d'écriture, le deus ex figure comme seul aveu de faiblesse de notre Belge national (je sais, ça ne veut rien dire). Le reste de la BD étant une anthologie en désordre de ce que notre reporter sans frontières a fait de mieux et rencontré de meilleur... ou de pire.
Aucune nouveauté non plus du point de vue du dépaysement puisqu'il ne fait que retourner sur les lieux d'anciennes intrigues affronter d'anciens ennemis devenu amis mais redevenu secrètement (ou non) ennemis. Vous suivez ? Le tout pour servir un message fort mais de mon point de vue, déplacé. En effet, tiré d'une histoire vraie, cette bande dessinée dénonce la traite négrière qui existait toujours pendant la période de sa publication et qui a su excité l'imagination d'RG pour cette historiette quelque peu édulcorée.
Sans parler des nombreux personnages secondaires complétement anecdotiques qui font leur apparition tout au long de l'album, ceux plus proches de Tintin ne sont pas en reste de reproches. Haddock MONOPOLISE cet épisode si bien qu'il en devient irritant. Tryphon passe pour un bouffon qui, après avoir inventé une fusée à propulsion et une arme de destruction massive, s'en remet aux joies du bricolage. Et Tintin, eh bien... c'est Tintin !
Aucune blague ne fait rire, aucun retournement ne surprend, tout est alambiqué au point d'en être chiant et s'il faut y voir une critique de l'âge d'or du héros à la houpette je ne garderais comme image que celle de la couverture donnant à voir nos malheureux compères à la dérive après un naufrage qui ne doit rien au hasard.
Mais quelque fois il faut savoir tomber pour mieux se relever et atteindre des sommets. Cap vers le Tibet !