Un petit voyage en Italie, au coeur de l'été, ça vous direz ? Et en Fiat 500 ? Flâner le long des routes, depuis la France jusqu'à un petit port des Pouilles et s'installer pour finir, boire un peu d'amaretto en terrasse en regardant la mer ? Et retrouver, l'espace d'un instant cette Italie de la fin des années 50, Luis Prima et tutti quanti ?
Hélas pour vous, le voyage ne sera pas de tout repos, il va falloir se serrer dans le petit véhicule. Nous accompagnons deux frères, pas spécialement en bon terme. Ils viennent de se retrouver après plus d'une dizaine d'années de séparation. Le cadet, désire ramener les cendres de son père dans son village natal. L'aîné n'est pas du tout chaud, ayant rompu le lien avec toute sa famille suite à son engagement pour les chemises noires. La vie semble ne pas les avoir épargnés. L'un, les nerfs à fleur de peau toujours entre deux mauvais coups et vivotant de combats de boxe miteux et l'autre, plus tendre, essayant de recoller les morceaux épars d'une famille éclatée. Et si je rajoute qu'il va falloir prendre sur ses genoux un chien errant, soudain vous vous dites que ce sera pour une autre fois ...
Et vous aurez tort ! Quel bel album ! Cette histoire de frères, qui n'est pas sans rappeler un certain cinéma italien néo-réaliste auquel l'album rend un bel hommage discret (mais aussi, je pense, à Ettore Scola pour la très jolie scène au milieu des draps en train de sécher), sait nous emporter avec elle. Et même si on peut la trouver un peu conventionnelle, la beauté plastique de cet album qui prend le temps de regarder les paysages mais aussi sonder les pensées secrètes des deux frères, offre un formidable écrin à ces retrouvailles où les rancoeurs semblent être l'unique ciment entre ces deux êtres. Malgré la haine ambiante, la violence intérieure que l'on retient, Alfred dessine ses personnages avec une chaleur particulière qui nous les rend très attachants.
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