Un nouveau cliché de la BD ?
On sait que l'auto-fiction prolifère avec une belle ardeur aux USA, permettant à la BD anglo-saxone de s'affranchir enfin de l'obsession des comics pour les super-héros. On sait moins que le Canada, et le Québec en particulier, a rejoint le peloton des pays à la pointe de la BD moderne, et la lecture de cette "Comédie Sentimentale Pornographique" en devient du coup un plaisir, ne serait-ce que par la découverte d'autres décors, d'une autre langue, qui colorent d'une subtile singularité (de notre lointain point de vue) les affres habituelles de la vie amoureuse de nos sempiternels artistes un peu paumés. La bonne idée de Jimmy Beaulieu, c'est d'animer ses chroniques dépressives (la vie des trentenaires largués a la même allure de part et d'autre de l'Atlantique, dirait-on !) d'une jolie touche d'érotisme (parler de "pornographie" me paraît pour le moins excessif...), et de nous montrer la sensualité féminine, joyeuse et légère, comme contre-point (et contre-poids) aux doutes existentiels de ses "mâles". Sinon, on est quand même là en plein milieu de ce qui, depuis une dizaine d'années, est devenu une sorte de nouveau cliché de la BD auteuriste (la quête du sens), et pour lequel on a désormais un peu de mal à se passionner. [Critique écrite en 2011]