Critique de Comme un chef par mini
J'aime bcp le dessin, l'effet chapitre, la thématique bien sur ! Juste une fin qui laisse sur sa faim
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le 2 nov. 2022
Dans Comme un chef, Benoit Peeters revient sur sa passion pour la cuisine et sur son expérience de chef cuisinier amateur puis semi-professionnel, avant de s'essayer à la critique. La bande dessinée est autobiographique et suit par la même occasion ses débuts en tant que romancier puis auteur de bande dessinée, tout en tirant des parallèles entre les deux.
Le récit est chouette à lire, mais au fur et à mesure des pages, insidieusement, se dessine en creux une zone d'impensé, une réflexion manquante alors qu'attendue et qui creuse un gouffre entre la BD et ses lecteurs et lectrices. Vers le milieu du récit, devenu cuisinier à domicile, Benoît Peeters se retrouve à préparer le déjeuner de nouvel an pour une imbuvable famille de grands bourgeois - méprisé tout au long du repas, il en tire cette réflexion, "je croyais faire la cuisine, je m'initiais à la sociologie."
Et alors que Peeters s'interroge sur cette haute notabilité et son mépris de classe, alors qu'à plusieurs reprises il souligne aussi l'écart entre son milieu social d'origine et celui de ses collègues de promotion une fois arrivé à Paris, puis la difficulté à conjuguer sa passion pour la cuisine et ses faibles revenus, il laisse une grande question en suspens : celle de son propre rapport à ses parents, qui sont évacués abruptement du récit, et plus largement celle de son rapport à sa propre classe sociale.
Car la cuisine qu'apprécie et décrit Benoît Peeters n'est pas celle du tout-venant. La préface de Pierre Gagnaire l'illustre très bien, en évoquant l'évolution de la trajectoire des chefs-cuisiniers entre les années 1970 et aujourd'hui : on parle d'une cuisine de riches. Et il y a un vrai parallèle à construire ici entre cuisine et bande dessinée, pour qui regain en légitimité se conjugue, sous la plume de Peeters, avec embourgeoisement. Le fait que cette question ne soit jamais abordée frontalement laisse un fort goût d'inachevé à la bande dessinée. L'une des principales et tristes conséquences en est la suivante : c'est une BD qui ne donne pas faim.
Je ne finirai pas par une note négative, puisqu'il me reste à évoquer le super travail d'Aurélie Arita. La structure de la BD reste assez classique, mais le dessin est élégant d'un bout à l'autre, la restitution de l'époque précise, et les couleurs (qui ne sont appliquées qu'à ce qui est alimentaire) sont très bien vues à chaque fois.
Créée
le 15 nov. 2020
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