Comment faire fortune en juin 40, c’est un peu comme un pari hasardeux à la roulette : l’idée de départ est alléchante, mais on finit par se demander si le coup était vraiment bien joué. Fabien Nury et Xavier Dorison s’associent ici pour revisiter l’exode de 1940 à travers les yeux d’un petit escroc ambitieux, servi par les dessins solides de Laurent Astier. Une belle promesse sur le papier, mais qui manque un peu de souffle pour complètement convaincre.
Le pitch est malin : dans le chaos de la débâcle française, Félix, un employé de banque peu scrupuleux, décide de voler un coffre-fort rempli d’or pour assurer son avenir. Mais évidemment, rien ne se passe comme prévu, et son road trip à travers une France en déroute devient rapidement une course-poursuite où les ennuis s’empilent plus vite que les billets.
Graphiquement, Laurent Astier fait le job. Les décors de la France occupée sont réalistes et détaillés, et l’ambiance pesante de l’époque est bien retranscrite. Les expressions des personnages ajoutent une touche d’humanité bienvenue, mais certaines scènes manquent un peu de dynamisme, surtout dans les moments d’action. On sent que l’accent a été mis sur l’atmosphère plus que sur l’intensité narrative.
Côté écriture, Nury et Dorison nous livrent un scénario bien construit, mais parfois trop prévisible. Félix est un personnage intrigant, mais son développement reste en surface : on comprend ses motivations, mais il manque ce petit quelque chose qui le rendrait vraiment mémorable. L’histoire, bien que rythmée, semble parfois hésiter entre la satire sociale et le drame historique, sans jamais s’engager pleinement dans l’un ou l’autre.
Le ton oscille entre cynisme et gravité, ce qui donne lieu à des dialogues savoureux et des situations absurdes, mais qui peut aussi désarçonner. On attend un peu plus de mordant dans la critique sociale ou d’émotion dans les scènes dramatiques, mais le récit reste sur une voie médiane qui, bien que plaisante, ne laisse pas un impact durable.
En résumé : Comment faire fortune en juin 40 est une lecture agréable, portée par une idée originale et des dessins efficaces, mais qui manque de profondeur pour vraiment briller. Une aventure entre satire et drame qui divertit sans totalement convaincre. Une tentative honorable… mais peut-être pas assez audacieuse pour toucher le jackpot.