Le quotidien de Fort Apache pourrait paraître bien morne, pour un adolescent. Interdiction de sortir de l’enceinte à cause des bêtes sauvages, les Rippers qui rôdent partout et sont de véritables prédateurs de l’homme, entraînements intensifs, corvées incessantes, la jeunesse n’a pas la place de s’exprimer ! Mais ce serait oublier que les règles sont établies pour être transgressées…
Scénario : Zack et Archibald sont maintenant bien intégrés à leur nouvelle communauté de survivants, même si la confrontation avec l’autorité adulte est perpétuelle. Et à force de braver les interdits, ces jeunes insensés déréglés par leurs hormones vont mal finir… L’arrivée de deux nouveaux personnages revitalise un récit qui se portait déjà très bien sans eux, mais la nouveauté ne fait pas de mal. L’accent est mis ici sur le personnage de Zack, au détriment d’Archibald, même si on peut très bien imaginer que d’autres personnages peuvent leur voler la vedette d’ici les trois prochains albums. L’univers et les protagonistes commencent d’ailleurs à prendre tellement d’épaisseurs qu’on a du mal à croire que tout se termine à la fin du cinquième album. Avec des thématiques aussi fortes que la survie, et l’éternel conflit entre générations, le filon semble inépuisable. Il est en tout cas délectable.
Dessin : La palette de couleur du dessinateur est toujours aussi agréable à l’œil, on ne se lasse pas d’admirer un aussi bel ouvrage. Alors que bon nombres de séries post-apocalyptiques comme « The Walking Dead » optent pour une esthétique grise et terne adéquat à l’horreur de la situation, « Gung Ho » agit à contrepied, et la nature n’a jamais semblée aussi colorée, luxuriante et ensoleillé que dans cette série. Sa dangerosité ne faisant que renforcer son aspect fascinant et attirant.
Pour : Entre l’insouciance de la jeunesse et la prudence de l’adulte, les auteurs ne tranchent jamais. Si tout est du point de vue des adolescents, ce n’est pas pour glorifier leurs actions, mais bien pour faire rêver son lecteur. Du coup, lorsque les vieux sont là pour rappeler à l’ordre la jeunesse décadente, ils font bien sûr office de trouble-fêtes, mais sans jamais paraître injustes. Et c’est précisément cela qui donne une profondeur à l’histoire, et qui lui permet de ne pas se cantonner à un public adolescent. Même si l'on devine que les tensions pourraient très rapidement s'intensifier, au point que l'autorité adulte dégénère...
Contre : Mis à part un triangle amoureux un peu facile, la machine est plutôt bien huilée. Mais malgré un dernier acte fort et satisfaisant, ce deuxième tome est un poil moins trépidant que le premier, et donne parfois l’impression qu’il n’est là que pour préparer un troisième tome qui sera sans doute décisif pour la survie des personnages. On a au moins échappé à un cliffhanger de fin d’épisode clôturant le récit en pleine action.
Pour conclure : Les deux auteurs von Kummant et von Eckartsberg continuent leur fresque adolescente avec brio, et une maturité remarquable. Avec le succès des « Hunger Games » et autres films du même genre mettant l’accent sur la mise en danger des personnages adolescents comme dans « Gung Ho », on rêve d’une adaptation au cinéma de qualité, surfant sur cette vague tout en la renouvelant. Pour l’instant, l’annonce d’une adaptation au cinéma de la série de BD « Seuls » est déjà fortement réjouissante.
Ma critique du tome 1 :
http://www.senscritique.com/bd/Brebis_galeuses_Gung_Ho_tome_1/critique/38535922