Trois petits tomes comme tour de piste, le camion à nourriture ambulant de Crazy Food Truck n’aura pas eu le temps de donner tout son potentiel. Mais avait-il vraiment réussi avec ses trois volumes à honorer son menu ?
La série prend place dans un monde post-apocalyptique désertique, où la faune restante a évolué tandis que les quelques humains s’organisent comme ils peuvent pour survivre. Et voici le food truck de Gordon, ancien militaire dans une reconversion militaire fort étonnante, et guère rentable dans une telle économie ravagée. Mais il tombe un jour sur une jeune femme surprenante, à la candeur certaine, à la force physique épatante et à l’appétit encore plus renversant.
Crazy Food Truck va ainsi mettre l’accent sur cette relation entre deux êtres très différents, entre le stoïque cuisinier et la candide Alisa, rassemblés par l’amour de la nourriture et des plats bien préparés.
Avec son rythme un peu nonchalant, le manga ne roule pas sur les rails d’une action débridée, mais nécessaire, et préfère présenter son univers ou avancer progressivement son intrigue globale. Ce qui aurait pu véritablement distinguer le manga d’une concurrence féroce aurait été un portrait plus asaisonné de son univers post-apocalyptique, de sa faune mutante et surtout de la manière de les accommoder, qui aurait fait de l’oeuvre une production exotique et croquante.
Les quelques passages en question sont ainsi les plus intéressants, ce sont des petits moments de pas-de-côté pour s’immerger dans l’univers crée par le mangaka Rokurou Ogaki. Pour le reste, la recette est moins réussie, où il est ainsi question d’une arme spéciale humaine évidemment pourchassée par les militaires qui l’ont crée.
Le manga peut tout de même compter sur son duo de personnages, tous deux bien affirmés, mais dont on regrettera la constance de leurs personnalités pendant ces trois tomes, sans autres développements que les découvertes des historiques de Gordon et d’Alisa, assez décevants avec encore pas mal de clichés mis sur la table. La série se termine tout de même par un certain rebondissement bien gênant, qui va de pair avec un certain fan service émincé sur les pages. Alisa étant une jeune ingénue, inconsciente de certaines convenances, elle est souvent sans vêtements, ce qui reste tout de même bien pratique pour attirer un certain public, mais d’autant plus problématique avec une adolescente qui est sensée avoir 17 ans.
Rokurou Ogaki semble signer ici sa première série, et à bien des égards on ressent une inexpérience, dans la reprise sans vergogne de certains codes mais aussi de la difficulté à mélanger tous ses ingrédients pour se distinguer, malgré quelques idées avec un certain potentiel. Le dessin d’un évident classicisme n’atténue rien, c’est d’un plat. La promesse du menu du « Crazy Food Truck » était bien plus riche que le plat servi, le divertissement est un peu trop léger et trop fade pour s’attarder à cette adresse.