C'est une soirée arrosée parmi tant d'autres pour Tony Stark, talentueux concepteurs d'armures dotées d'intelligences artificielles. Il est en train de draguer une blonde en vidant des cocktails, tandis que son amie / secrétaire /nourrice / agent / psychologue Pepper Potts veille sur lui discrètement. Elle s'est posée dans le même bar, à quelques tables du couple, prête à intervenir en cas de dérapage.


Alors qu'il vient de ramener sa nouvelle conquête dans son somptueux appart et qu'il n'est pas loin de conclure, il reçoit un message vocal des plus inquiétants : son amie généticienne Maya Hansen vient de perdre la vie dans une rue de Buenos Aires, et le virus Extremis qu'elle tenait gentiment sous clef a été libéré. C'est une catastrophe : si jamais le puissant Extremis tombe entre de mauvaises mains, la Terre entière va le sentir passer. Elle a confié à Iron Man la lourde mission de le récupérer.


Hélas, l'engrenage s'est déjà mis en route. Tony Stark va devoir revêtir ses armures les plus efficaces et s'affairer aux quatre coins du monde pour récupérer le précieux. Ses pérégrinations vont le mener à d'anciennes connaissances qu'il aurait préféré oublier...


Décors et armures


L'Avenger va successivement voler vers la Nouvelle Avalon, la Colombie, Paris et enfin dans l'espace ; j'ai un peu galéré pour retracer son parcours car, d'une part, l'action exige une grande mobilité spatiale du héros, et d'autre part, la narration est entrecoupée de flash-backs. Certes, ils sont nécessaires pour les novices, mais ils rendent la lecture difficile. Enfin, c'était ça ou des notes de bas de page à n'en plus finir, j'imagine, alors je me garderai bien de faire la fine bouche.


Deux décors m'ont paru vraiment réussis, dans le sens où ils créent une ambiance qui nous permet d'apprécier au maximum les scènes de combat :


La Nouvelle Avalon - Comme l'indique son nom, cette île a voulu recréer la société médiévale des légendes arthuriennes. Le maire s'appelle Arthur, on cherche toujours le Graal _d'ailleurs, on l'aurait trouvé...?, les chevaliers de la Table Ronde sont drivées par une jeune femme nommée Merlin. Au sommet des buildings quelques oriflammes flottent au vent.. Cela n'empêche pas les résidents de vivre avec leur temps : les épées ont été remplacées par des lasers, on n'a plus besoin de chevaux puisqu'on peut voler. Fort de ses projections de flammes et de rayons lasers, l'affrontement aérien "Iron Man vs les chevaliers masqués" prend une teinte Star Wars.


Les Catacombes de Paris - Iron Man doit buter des espèces de succubes emprisonnées dans les souterrains par des illuminés qui se disent scientifiques. Il s'agit en réalité de jeunes femmes à qui on a injecté le virus Extremis ; elles sont donc devenues terriblement agressives et dangereuses. Iron Man débattra avec son armure pour savoir s'il doit sacrifier la dernière. Il choisira de l'épargner et de l'emmener aux Etats-Unis, histoire de la soigner (et d'éviter tout coup de dent malencontreux). Une vignette nous montre qu'elle est enceinte, ce qui peut laisser présager son retour dans un prochain volume. Le combat à la chandelle dans les catacombes a travers les galeries tapissées de signes mystérieux et de crânes humains est surprenant.


Iron Man prend toujours soin de sortir une armure différente à chaque bataille. Trois m'ont particulièrement étonnée, mais c'est sûrement parce qu'il ne m'en faut pas beaucoup.


L'armure translucide - Toute fine, à peine visible, transportable dans une mallette, elle nous rappelle la cape d'invisibilité de Harry Potter. Parfaite pour voyager, elle passe le plan Vigipirate au calme. A la différence, de l'accessoire préféré de l'apprenti sorcier, elle prend une consistance _et quelle consistance ! lorsque Iron Man la revêt.


L'armure hologramme - Celle-là aussi, elle est pas mal. Lorsqu'on veut être sûr de passer incognito la porte d'entrée d'une bâtisse gardée, soit on s'arrange pour être invisible, soit on prend l'apparence du vigile. Tony Stark a opté pour la seconde option, faisant usage de son lumiflexeur intégré.
L'armure canon - Les petits effets, ça va bien deux minutes, mais là on a plus le temps ! Au bout d'un moment, si tu veux arriver à tes fins, tu prends ta plus grosse armure, la balèze, la "canon", et tu défonces tout ce qui t'incommode. Yolo ! En fait, l'armure canon aurait pu s'appeler l'armure Roundup.


Tony Stark n'est rien sans les carapaces qu'il crée ; fragile, en proie à ses vices, l'homme a su s'"augmenter", construire la puissance qu'il n'avait pas naturellement, et en même temps se créer une protection. L'album s'ouvre et se termine sur la même scène : Iron Man, seul dans sa coquille, volant au-dessus de la ville, est en train de laisser le champ libre à l'introspection, à ses réflexions philosophiques, à ses névroses.


Iron Man nouvelle génération


Je ne sais pas si c'est aussi le cas dans les anciennes versions d'Iron Man, mais le modèle 2010 du Tony Stark prend la forme d'un play-boy fragile intérieurement, assez chanceux pour avoir une pote à l'écoute et déterminée à le libérer de ses démons _l'alcool notamment, et en même temps assez con pour passer ses nerfs sur elle à coups de vannes.


Pas évident de revisiter le mythe Iron Man à la lumière de l'an 2000 ! Kieron Gillen et Greg Land ont visiblement su le faire, même si seuls les connaisseurs peuvent en juger. Restent à lire les quatre prochains albums _ Croire est le premier d'une série de 5, et surtout les nombreux précédents ! Graphiquement, les planches sont propres, soignées, presque plastiques ; peut-être un peu trop parfaites à mon goût, justement. Greg Land peint ses personnages de façon tellement réaliste qu'on se croirait presque dans un roman photo. J'ai dû tourner quelques pages avant d'adhérer, mais on va pas cracher dans la soupe : c'est esthétiquement très réussi.

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le 11 janv. 2020

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