Ce qui est bien avec Crossed, et qui échappe à certains, c'est qu'au-delà de l'histoire habituelle des infectés, il y a souvent (mais pas toujours) d'autres thèmes qui viennent s'ajouter. Ici on suit une communauté recluse sur une île loin des infectés et donc loin du danger, mais qui du coup survit dans un ennui aussi lentement destructeur que l'est l'infection. On finit alors par décider d'envoyer quelques-uns des membres en expédition afin de ramener des vivres. Seulement ce sont les membres les plus fragiles et les moins utiles qui sont envoyés pour ne pas risquer les meilleurs. Voilà donc tout le picth de ce run : un groupe de losers envoyé en enfer.
A côté de ça, cette histoire renverse discrètement les codes du genre. Le héros choisit l'enfer plutôt que l'ennui, choisit d'être un salaud nécessaire plutôt qu'un gentil inutile, nous montre qu'il faut commettre quelques saloperies inhumaines pour sa propre survie. Contre-pied de Walking Dead où les gentils veulent créer un monde meilleur. Ici le monde meilleur est impossible, les gens ne s'aiment pas, ne veulent pas vivre ensemble mais n'ont pas le choix. Ici on choisira pour chef celui qui mènera le groupe, peu importe si c’est la pire des ordures. Ici les infectés, violeurs sadiques et meurtriers semblent parfois se confondre avec les survivants. Crossed délivre un message brut mais des plus réalistes: dans un monde aussi violent, l’espoir d’en créer un meilleur est vain, ce qu’il faut c’est s’adapter à celui que l'on a.