Un petit trésor
Alors que les épreuves du bac' battent leur plein les deux tomes de Pocket Chocolate sont une plongée dans cette dernière année de lycée, plus ou moins agréable, qui laissent dans notre mémoire des...
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le 19 juin 2015
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Alors que les épreuves du bac' battent leur plein les deux tomes de Pocket Chocolate sont une plongée dans cette dernière année de lycée, plus ou moins agréable, qui laissent dans notre mémoire des souvenirs divers et variés. Une période plus ou moins heureuse sur les divers plans de l’existence (scolaire, sociale, sentimentale…), où on se demandait ce qui allait nous attendre après ; une période charnière en somme.
Un jeune adulte, Tu Xiaoyi, se replonge dans ses souvenirs à l’occasion de son retour dans son village natal. Alors dans sa dernière année de lycée – sanctionnée par le gaokao (examen d’entrée à l’université) – Tu Xiaoyi a des notes médiocres, rêve de devenir mangaka, et pense à King of Fighters dès qu’il n’est plus en classe. Avec son meilleur ami Peanut ils n’hésitent pas à passer beaucoup de temps dans les salles d’arcade. Un moyen d’oublier leur professeur principal – M. Chen – guère aimable vis-à-vis d’eux et un univers scolaire qui n’est pas foncièrement agréable.
Rien d’autre à signaler ? Si, deux choses : i) Xiaoyi est amoureux de Yao Zhetian, une fille de sa classe (on ne voit guère les autres du reste), douée en danse et dont les résultats scolaires sont orientés à la baisse ; ii) alors que Xiaoyi est en train de se faire sermonner par M. Chen, Qi Jingxuan débarque. Fils d’un inspecteur d’académie, terminale redoublant, c’est un peu le rebelle de la série car il n’aime guère les différentes formes de hiérarchie. Un vrai choc dans l’univers de Xiaoyi. Avec Peanut, Zhetian et Jingxuan ils forment nos quatre mousquetaires pour la suite du récit.
Un récit qui court sur huit chapitres. C’est peu mais on referme le tome deux avec le sentiment que beaucoup a été dit et qu’il n’y avait pas vraiment besoin d’en faire ou dire plus. La narration n’est pas étrangère à cette impression : s’il y a des dialogues, la voix intérieure, les pensées de Xiaoyi sont très présentes, ce qui permet d’accompagner de la plus belle des manières une ou des images. Les propos et le dessin semblent en effet ciselés pour nous faire ressentir le plus possible avec une économie de mots et une utilisation de la couleur bien maîtrisées.
Le résultat global est alors une histoire touchante, parfois empreinte de mélancolie, où les problèmes de chacun sont plus suggérés que montrés dans les détails : subir un système éducatif qui ne laisse guère de place à l’épanouissement, aux rêves ; la pression des parents ; l’incertitude plus ou moins radicale face à l’avenir ; les prises de tête ; les souffrances et déceptions… Si la jeunesse passe parfois pour être le plus bel âge de la vie, ce n’est pas le plus simple. Et même si l’histoire se déroule il y a plus d’une quinzaine d’années en Chine, il est probable que nombre d’éléments qu’elle contient ont été vécus par d’autres, ce qui donne à l’ensemble un côté « vrai. » Cette authenticité se retrouve aussi dans les paysages, les vues, les rues, l’architecture.
On est donc en présence d'une oeuvre sensible, caractérisée par trois éléments complémentaires : i) une attention forte pour les rapports humains qui sont traités avec une finesse et une profondeur remarquables, ce qui donne un récit à la fois prenant, immersif et qui ne s’égare pas. Les visages sont les réceptacles d’émotions, de sentiments qui se lisent et se découvrent au fil des pages (le papier utilisé étant de qualité, ce qui ne gâte rien) ; ii) une belle utilisation des couleurs. Certes c’est de la colorisation par ordinateur mais elle a un apport indéniable dans la tonalité générale de la série : elle rend vivante les scènes, les sentiments… c’est beau, tout simplement ; iii) enfin la série a un aspect à la fois mélancolique et apaisant. Parcourir les pages ne nous laisse pas de marbre, on passe par différents états mais, pour autant, il n’y a pas de débordements. Tout semble canalisé et à la première lecture comme lors des suivantes c’est une forme de calme qui préside, avec une tonalité douce-amère en guise de note finale.
En somme, Crystal Sky of Yesterday propose une histoire à la fois « authentique », simple et touchante. Pocket Chocolate tire le meilleur parti des huit chapitres, pour une série qui a une couleur, une tonalité propre. J’ajoute que le tome 2 se termine par les « Mots de l’éditeur » : un petit moment d’intimité (agrémenté de photos) où Pierre Sery nous présente le manhuajia. Pour paraphraser les pensées de Xiaoyi, Crystal Sky of Yesterday est « notre petit coin de paradis où nos souvenirs mêlés brilleront de mille feux. »
Je termine par la mention du site internet lié à la série que je vous recommande. Jetez-y un oeil, je vous assure que vous ne le regretterez pas.
Créée
le 19 juin 2015
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