D.Gray-Man, c'est le manga qui permet d'illustrer à la perfection le proverbe "le mieux est l'ennemi du bien". On n'aura jamais vu un mangaka se perdre à ce point dans les couloirs de la surenchère et de la confusion alors qu'il avait pourtant pris un bon départ.
L'auteure de ce véritable gâchis est Katsura Hoshino. Cette dernière veut nous raconter une histoire assez simple : les exorcistes luttent contre le Comte Millénaire, un des descendants de Noé cherchant à détruire l'humanité à l'aide d'Akuma, des démons ayant pris possession de corps humains. Parmi ces exorcistes, on va suivre Allen Walker, le petit nouveau dont les liens avec le Comte posent question.
La manga partait bien! Bourré d'action, avec une thématique religieuse intéressante et un humour plutôt bien amené, il avait de bonnes qualités. Jusqu'au voyage au Japon, le scénario bénéficiait d'une énergie et d'une simplicité rafraîchissantes.
Pourquoi un gâchis alors? Simplement car l'auteure finit par se perdre dans une sorte de poésie très sybilline et un scénario sans queue ni tête de réincarnation, de frères ennemis et de multiples trahisons.
Le problème n'est pas tant l'histoire. Au contraire, le potentiel du personnage de Néah, apparu récemment dans le récit, était énorme. Il permettait de visiter une troisième voie bien plus riche que celles imposées par les deux factions en conflit dans le manga. De même, la relation de ce personnage avec le Comte Millénaire aurait pu permettre de mieux comprendre les motivations des descendants de Noé.
Au lieu de ça, on finit par ne justement plus rien comprendre. Le découpage du manga, mais surtout les dialogues et la narration ne permettent à aucun moment de savoir où l'auteure veut nous emmener. Le scénario finit par se diluer dans des dialogues creux sur le pouvoir de l'amitié. Si bien que finalement, les derniers tomes ne racontent plus rien, on a l'impression de lire un manga totalement différent de celui des débuts.
Seul point positif, les dessins deviennent vraiment magnifiques avec le temps. Ils viennent accentuer la poésie que Katsura Hoshino essayait de mettre en place. Mais la forme ne suffit pas à sauver le fond.
Cette série fonce droit vers un mur. Espérons que l'auteure réussira à en reprendre le contrôle avant l'impact.