Danguard Ace
6.1
Danguard Ace

Manga de Leiji Matsumoto (1977)

Surprise, sur le site, ce manga est mal note et les deux critiques quasi hostiles.
Pourtant, j'ai lu les deux tomes hier et j'etais emballe. Je ne m'attendais donc pas a cette difference de son de cloche.
Le titre precis du manga traduit en francais par BlackBox editions est Interstellar robot Danguard A, et non pas Danguard Ace. Le manga est publie en deux tomes et les quatriemes de couverture sont identiques. On a un robot geant au-dessus des textes d'accroche et je vous laisse la surprise a la lecture pour deviner a quel moment il apparait. C'est assez classieux comme traitement et comique. Notez que sur les premieres de covuerture, on voit bien que ce n'est pas un manga de robot geant, mais du Leiji Matsumoto avec des heros dans l'espace et des mechas a la Matsumoto, a savoir vaisseaux loufoques, avions retro ou particuliers, etc.
Ce manga est a recommander pour plusieurs raisons. D'abord on a une histoire complete, clairement articulee, avec une fin precise, ce qui change des univers plus delites d'Albator, Emeraldas et meme Gun Frontier. Ceci dit, il y a un petit pied de nez. A la fin du second tome, on a une histoire bonus, une histoire courte intitulee "Un garcon nomme Machine". C'est une histoire qui me fait assez nettement penser a Tezuka, car les deux personnages principaux sont jeunes, l'un est un petit enfant avec tout le decalage que cela suppose quant a la dimension epique du recit. Et on a un partage de l'interet entre le heros Machine et le petit enfant, un peu comme Dororo de Tezuka ou le personnage qui donne son nom au manga mais n'est pas le heros epique au centre de l'histoire, mais l'enfant qui se forme a la vie. Le petit enfant s'appelle d'ailleurs Maki, nom d'un heros de Tezuka finalement. On a une histoire avec l'humanisme de Tezuka, le grand prenant soin du petit et le petit se montrant bien brave. On a aussi beaucoup de dessins en miroir. Deja les deux premiers dessins, une page chacun, en vis-a-vis, avec des regards portes au ciel etoile. Le troisieme dessin poursuit cela avec un cadrage different et on voit en trois dessins toute l'evolution qui met en place des thematiques precises de cette histoire courte. On a ensuite un voyage saisissant entre l'interieur de la petite chambre ordinaire et des pplongees dans l'espace ou a l'epoque des dinosaures en fonction des propos qu'ils echangent et on voit se prolonger les grandes pages de regard sur l'univers, sauf que c'est pour cette fois et pour l'instant en imagination, mais en plus on a l'integration du heros ou des heros dans le vide stellaire. Puis ils partent a l'aventure et je ne vais pas tout detailler, mais comme ils sont partis on a des retours sur le cadrage de la premiere image. Le pere regrette le depart de son fils et regarde les etoiles. Et peu avant la fin de l'histoire on a encore une telle image avec le pere et la mere ensemble qui sont tristes, qui pleurent. C'est rythme et cela fait sens. Pour ce qui est de la corute aventure, elle suppose du voyage temporel et cela prend une tournure etonnante apres une chute. Mais la pirouette c'est qu'alors que l'histoire principale a une fin, cette histoire courte a une fin ouverte flanquee du message suivant : "Un garcon nomme Machine et le prologue a une oeuvre plus consequente. Suite aux nombreux retours des lecteurs, je songe a la continuer - Leiji Matsumoto." Helas, il semble qu'il n'en a rien ete.
Passons a l'histoire principale et revenons au premier tome. La situation n'est pas d'une urgence absolue, mais l'humanite pense a sa survie a partir d'un voyage de planete a planete. Nous sommes dans futur proche. Nous ne sommes pas dans le contexte d'Albator de voyages deja banalises entre les planetes, systemes solaires et galaxies. Pour l'instant, les humains ne peuplent que la Terre et le traitement original c'est que le projet n'est pas de coloniser Mars, Venus ou la Lune, mais une nouvelle planete du systeme solaire qui a ete decouverte et qui presente une configuration resolument original. Elle dessine une enorme ellipse autour du soleil, mais le soleil n'est pas le centre de son ellipse. Elle met quelques dizaines de millions d'annees a parcourir l'ellipse et du coup a passer aupres de toutes les planetes qui tournent autour du soleil. Elle serait a l'origine de la disparition des dinosaures, amis les calculs de Matsumoto m'ont fait un peu tiquer, il n'a pas l'air d'avoir etudie les chiffres qu'il donnait de pres, mais peu importe. L'autre truc, c'est que bien que la plupart du temps fortement au-dela de Pluton cette planete ressemble a la Terre par ses dimensions mais aussi par ses conditions. On peut aller y vivre sans avoir a l'amenager. Pour justifier cela, Matsumoto introduit un autre truc original, mais assez barre. Cette planete a son propre petit soleil a cote d'elle. D'ailleurs, si ce truc original est laisse discretement a l'arrire-plan du recit, la question se pose quand meme des degats possibles quand les deux soleils seront rapproches. Mais la encore c'est laisse de cote. Significqtivement, cette planete est appelee Promethee.
Donc, les humains veulent se rendre sur cette planete et ils vont avoir un certain temps pour le faire. Une premiere mission est lancee quand la plante est encore, mais cette mission echoue a cause d'une malveillance. L'ennemi est tot identifie, c'est l'infame Doppler dont la base est dans l'Himalaya et dont on ignore d'ou il tire tout son pouvoir politique, dont on ignore aussi la nationalite, sachant qu'il va saboter une mission americaine egalement. Le heros de l'histoire etait un enfant lors de la premiere mission et on accuse, via les passages mediatiques de Doppler, son pere d'avoir fait echouer la mission. Dix ans plus tard, Doppler lance sa propre mission quand les deux planetes sont les plus proches l'une de l'autre, mais notre heros fait partie des rescapes de l'organisation ayant lance la premiere mission et on apprend bientot que Doppler les a laisses en vie parce qu'il sait qu'il y a une carte maitresse a recuperer. Il y aura meme plusieurs cartes maitresses. L'histoire ne sera pas que de vengeance pour le heros. Non pas parce qu'il faut avant tout sauver l'humanite, mais parce que le drame de la paternite va se poursuivre. Notre heros va etre forme par un capitaine clef dans l'histoire. Les peripeties suivront leur cours et on arrivera a une fin qui n'est pas plate ni previsible.
Maintenant, je voudrais dire un mot des dessins. Certains visages sont parfois dessines a la hate, mais pas avec les exces de Capitaine Albator, mais tout le reste est bien soigne. On retrouve l'esthetique des images en miroir dont je parlais pour l'histoire courte, par exemple le vis-a-vis des pages 8 et 9 avec un ecran rectangulaire dans un vaiseau qui montre la majeste d'un spectacle lunaire. Et cela se poursuit aux pages 10 et 11. Il y en aura d'autres et je pourrais aussi parler d'echos entre images d'engins propulses dans l'espace. Je n'ai pas eu autant l'habitude d'images en miroir dans les autres mangas de Matsumoto. Page 13, on sent encore une fois l'influence d'epoque de Tezuka avec le cadrage filmique sur les regards. Matsumoto est connu pour le gros plan sur un oeil, mais la on a le traitement a la Tezuka avec un plan ou on a a peu pres tout le visage, puis une case ou on en voit une moitiem puis le gros plan sur les deux yeux dans une case blanche sans dessin du contour du visage lui-meme. Il faut voir qu'il y a six cases en bande horizontale sur la page 13 et que les plans sur les regards concernent les deuxieme, troisieme et cinquieme cases. On peut bien apprecier ainsi que de la deuxieme a la troisieme case Doppler monte de lui-meme en insistance machiavelique, tandis que la cinquieme case est une reaction a la replique de l'interlocuteur de la quatrieme case. Je ne parle meme pas des effets des lignes obliques delimitant les cases.
On a ensuite un fort contraste avec les pages 14 et 15 ou on a une bande horizontale avec une ligne oblique, un fond blanc et un jeu sur les regards, un oeil de Doppler de profil et le regard en biais de son interlocuteur qui tourne la tete vers lui. Mais la page 14 est dominee par un enorme dessin avec la planete Promethee en petit sur le cote, puis on a une page 15 avec un seul dessin et la planete Promethee plus gorsse et mieux centree. L'encrage etant important du coup sur ces deux pages en vis-a-vis. Et puis, preuve que tout cela est voulu, on tourne la page, on arrive a la page 16 et on a de nouveaux six cases horizontales avec des traits obliques pour caracteriser le petit monde humain oprresse avec toujours la confrontation de Doppler et de son rival scientifique se jaugeant par les regards. Et enfin page 17, des cases verticales avec l'arrivee du heros enfant qui sort progressivement de l'ombre et affronte verbalement Doppler qui le daube en bas d'image, l'eefet etant subtil d'associer la position dominante du haut de page pour l'enfant et la position de premier plan avec un corps plus grand du mechant Doppler meprisant.
Je m'arrete la, j'ai clairement pose les bases d'une lecture vigilante aux details esthetiques. Pour l'histoire, elle est prenante avec un cote un pied dans le cartoonesque a la Tezuka. Il y a une touche naive dans le fait que les heros comme Doppler ont tant de pouvoir comme s'ils etaient sortis de rien. Ce n'est pas un defaut, mais il est clair que notre epoque est autrement exigeante en vraisemblance pseudo-realiste. Il est vrai que l'histoire permettrait d'autres developpements et que certaines pistes ouvertes ne sont pas prises, mais le recit n'est pas rushe, il fonctionne parfaitement bien et la fin n'est pas toute lisse a tomber dans les cliches qu'on pourrait pressentir au vu de la courbe prise par le scenario au sujet du mysterieux capitaine Dan.

davidson
8
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le 14 mars 2020

Critique lue 258 fois

davidson

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