Dans les épisodes précédents : Isao prenait la place de Marie ce qui n'allait pas sans poser quelques questions et nous offrir des révélations - limitées pour le moment. Un mystérieux coup de fil à la fin du tome 4 finissait de nous remplir la tête d'interrogations.
De ce point de vue le tome 5 ne fait pas vraiment avancer le schmilblick : on ne sait toujours pas où est passée Marie et, d'une certaine manière, cet élément est en train de devenir secondaire. Isao avoue à Tori qu'il rêvait de devenir Marie, que retrouver son corps d'origine n'est pas une priorité ; l'autre Isao, de son côté, nourrit des sentiments à l'égard de Marie tout comme Yori. Si ces éléments étaient esquissés dans les tomes précédents, ici, ils prennent une toute nouvelle dimension à cause de leurs implications.
Au fur et à mesure que Isao semble "devenir" Marie (selon Yori il se souvient d'éléments que seuls Marie pourrait connaître ; elle pourrait donc être présente dans ce corps...), la question du retour de la "vraie" se pose avec moins d'insistance. Et si, tout compte fait, cette Marie-Isao là convenait à tout le monde ? Les soi-disant amies de Marie n'apparaissent pas sur nos radars du tome 5, la mère de Marie semble toujours ne pas voir que sa fille a changé (ou alors elle fait semblant ?). Où est la vraie Marie ? Existe-t-elle vraiment ? Ces questions semblent doucement disparaître, ce qui poussera peut-être Isao à les remettre sur le tapis, à moins que lui-même finisse par se dire qu'il est bien dans ce corps...
Outre cette ligne directrice, le tome contient aussi deux éléments importants. Tout d'abord nous en apprenons un peu plus sur Yori, notamment où elle vit, qui est présent chez elle... Ce passage de quelques pages ne semble pas anodin et permet d'éclairer deux-trois choses, ce qui est appréciable. Ensuite - mais peut-être cela était-il aussi présent dans les tomes précédents - ce tome met l'accent sur le toucher. Il y a pas mal de cases où la main droite de Marie est ainsi mise en évidence. Si, dans la continuité du tome 4 et avec ce qui se passe dans le tome 5 cet élément se comprend, les regards que Marie-Isao porte sur cette main ne semble pas gratuits, anodins. Affaire à suivre...
Shūzō Oshimi continue donc à faire avancer son intrigue à un rythme qui me semble complètement adapté à son histoire. Il nous offre aussi ses traditionnelles réflexions en postface (cette fois-ci cela concerne la première fois qu'il a vu un film érotique et nous sommes sollicités pour lui donner un titre de film dont il ne se rappelle plus). Finalement le tome 5 s'inscrit pleinement dans la lignée des précédents avec une scène marquante, un bon cliff' de fin et toujours cette même question : où est Marie ?
PS : le titre de la critique est un clin d'oeil (+ ou - réussi) à ce qui se passe dans le tome. Ceux qui l'ont lu comprendront. ^^