Vehlmann semble vouloir lier ses BD avec un cliffhanger, à la manière des séries américaines. Artifice pas très intéressant au final puisque les histoires n'ont aucun lien réel.
Une fois de plus Vehlmann tourne en dérision l'univers et les personnages, et s'attaque même aux éditeurs. C'est rigolo mais le côté carambar prend toujours trop de place. Le pire étant que les péripéties d'ordre juridique empêchent l'action de monter véritablement; en plus les pirouettes de Spirou se ressemblent et ennuient assez vite le lecteur. C'est d'autant plus regrettable que le lieu est assez sympa et semblait propice à une bonne aventure.
Quelque chose d'étrange : Morvan et Munuera m'avaient choqué en situant aussi explicitement l'action en France. Jusque là les auteurs avaient tout fait pour maintenir l'origine des héros anonymes. Ici, Vehlmann et Yoann décident d'affirmer la nationalité belge du reporter en utilisant maints décors Bruxellois.
Graphiquement, Yoann s'en sort toujours bien ; l'auteur parvient à combiner le charme du clacissisme (avec un design rappelant l'amour de Franquin pour l'art moderne) et celui d'un style plus jeté. L'on retiendra surtout les ambiances grâce à une palette de couleurs bien pensées et une gestion des noirs et blancs proche de l'expressionnisme.
Bref, "Dans les griffes de la vipère" est une histoire ennuyante ; une fois de plus la blague est trop grosse, le récit trop mince, les péripéties ne passionnent jamais vraiment. En contre-partie il reste un graphisme intéressant.