La série des comics "Noir" de chez Marvel est une aubaine pour un personnage tel que Daredevil; sombre dans l'âme, glauque jusque dans ses coups de crayon, l'univers particulier de L'homme sans peur avait tout, avant même l'édition de ce numéro spécial "Daredevil Noir", des rues mal famées de l'Amérique des années 30, période prohibition, où Al Capone et Eliott Ness, le flic pas corrompu pour un sou, se livraient une guerre sans merci.
Ainsi, Daredevil s'y retrouve plongé, et le résultat se révèle à la hauteur des attentes ( hautes, il faut le dire ). A première vue, force est de constater que l'esthétique surprenante pourra en rebuter plus d'un; les dessins manquent de vigueur, de précision. Sauf que finalement, j'ai trouvé, et c'est purement personnel, que cela rendait bien dans une optique de pondre un comic avec une atmosphère de polar des années 30.
C'est poisseux, noir, sombre; oui, c'est très Noir. La patte artistique du dessinateur pourra quelques peu rappeler, pour les amateurs du personnage, cette personnalité particulière qu'apportait Alex Maleev au personnage, mais en un poil moins convaincant, tout de même. De plus, le nouveau concept concernant le costume de Daredevil envoie du lourd, à l'instar de tous ces jeux d'ombre parfaitement réussis.
Le soucis viendra principalement, à mon sens, de l'écriture de l'oeuvre; les origines de Murdock seront, par exemple, complètement ratées. Et c'est dommage, parce que leur manque de logique flagrant entraîne un manque de cohérence avec le personnage de base, entraînant lui même un terrible manque de crédibilité. Voilà que la solidité d'une rédaction sans réelle faille fait cruellement défaut à cette oeuvre ci.
Il reste également à noter de réels soucis de proportion au niveau des dessins, eux-mêmes pas toujours vraiment crédibles; la taille de Daredevil en deviendra même grotesque, parfois. Détail amusant s'il en est, mais le visage de Murdock rappellera, par bien des aspects et à bien des moments, celui de l'acteur Charlie Cox, lui-même interprète du personnage dans l'excellente série éponyme ( que je vous conseille fortement, si vous n'avez pas eu le plaisir de la voir ).
Pour finir, l'écriture souffre également d'un retournement de situation ( situé en milieu de tome, pour être précis ) particulièrement prévisible et sans réel effet sur le lecteur; malheureusement pour nous, tant l'idée était excellente mais terriblement mal amenée. De plus, faut quand même dire que ça se termine beaucoup trop rapidement, cassant tout de même cette immersion que l'esthétique nous offrait. Bourré de défauts, ce Daredevil Noir possède au moins pour lui certaines qualités importantes, notamment celle de posséder une atmosphère terriblement classe, ainsi qu'une intrigue intéressante bien que prévisible. Moyen.