Alias, pour le masqué, c'est une sorte de quintessence comic.
Pour sûr, Brian M. Bendis y est pour beaucoup. Mais Behind a aussi été emballé, lors de la lecture de l'omnibus, par le superbe trait de Michael Gaydos, des plus atypiques sur la scène contemporaine du neuvième art.
Retrouver Gaydos sur Daredevil pourra être ressenti comme quelque chose d'évident. Surtout quand Redemption reprend le thème des premières pages d'une rapide aventure de Jessica Jones. Et de pousser un soupir concernant l'originalité de la mini série, qui pourra aussi évoquer la première saison de True Detective.
Grave erreur.
Car Daredevil : Redemption dépasse de loin cette première impression légèrement mitigée, même si la lecture demeure très agréable. En délocalisant le super héros en Alabama, David Hine le coupe littéralement de son aura positive. Représenté comme la main droite du diable, il s'immisce dans un décor qui lui est totalement inconnu et devient un véritable caillou dans la chaussure de son alter ego.
Au point de remiser le Cornu en arrière plan, qui ne sortira qu'en de très rares occasions, avant de finalement acquérir le statut de chimère pour deux des protagonistes principaux d'une intrigue sale et amère. Le tout en terre du Sud des Etats-Unis, à fort encrage redneck et où le fanatisme religieux le plus obscurantiste trouve à s'exprimer.
Ce milieu rural et hautement parano, bien sûr, cache de sombres secrets et ignorances que la rumeur se fait un malin plaisir d'alimenter, et Matt Murdock s'érige en unique repère, tandis que cette histoire de meurtre atroce d'un enfant s'impose comme un réquisitoire tourné contre une justice vérolée et nourrie de ses a priori les plus primaires.
Avec Daredevil : Redemption, Hine et Gaydos prennent à bras le corps un récit poignant symbolisant une certaine forme de déroute judiciaire pour tendre à l'Amérique un miroir très peu reluisant de ses fondements et de ses croyances intimes.
Avec son super héros apparaissant dans un rêve illusoire de fuite aux accents très comic book, soudain dérisoire et pathétique quand il est confronté à la réalité, Daredevil : Redemption s'écarte des récits classiques du genre en proposant quelque chose de profondément humain, adulte et sombre, jusqu'à en perdre tout espoir de lumière au bout du tunnel ou tout simplement sur ce qui peut animer l'homme dans ses plus bas instincts.
Beau, désespéré et cruel, ce Redemption s'impose sans mal comme une perle brillant d'un noir éclat dans la galaxie du Diable de Hell's Kitchen.
Behind_Le diable s'habille en lycra_the_Mask.