Le chef d'oeuvre de Miller et Mazzucchelli
Ce récit en 6 parties est un pur chef d'oeuvre. Je viens de le relire, et je me suis repris une claque. Un tel niveau de maîtrise est quasiment indécent. En 1986, Miller est à son meilleur niveau scénaristique, il a signé la même année The Dark Knight Returns et Year One, avec Mazzucchelli, qui l'aide aussi dans cette saga. Mazzucchelli est déjà brillant, surpassant lui aussi ses compères d'une coudée, et pourtant, il sera encore plus brillant, quand il sortira Asterios Polyp des décennies plus tard.
Ce Daredevil Born Again est une œuvre d'une qualité rare, les deux auteurs y narrent la chute de Daredevil et Matt Murdock suite à un plan du Caïd qui vient d'apprendre son nom. C'est une véritable descente aux enfers, véritablement vertigineuse qui se fait pour Matt et ceci en un rien de temps. Le Caïd n'aura jamais été aussi diabolique et charismatique, et en plus, sous les traits de Mazzucchelli il n'est même pas grotesque, il est beau et classe, même en slip violet.
C'est ça qui est grand avec le style du dessinateur, quasiment tous les personnages ont l'air nobles et attachants. Et grâce au script de Miller, on ressent la personnalité de chacun, on voit leur vie. Que ce soit Foggy, Ulrich ou Glori... Même Jameson laisse tomber son masque de caricature pour devenir un personnage classe dans cette histoire.
Les temps forts se multiplient tout au long du récit, au même rythme que les trouvailles narratives s'alignent. Toute la puissance du personnage de Matt Murdock est mis en évidence face à la machination gargantuesque du Caïd dont le pouvoir et la cruauté semblent sans limite. La mise en page, le choix des plans est virtuose. L'encrage de Mazzucchelli est vif, et de plus en plus lâché au cours de la saga, mais toujours d'une énergie folle, d'une puissance rare et d'une précision intense quand la situation l'exige. Même la couleur, faisant avec les limitations de l'époque, est brillante. Audacieuse à l'extrême, jouant avec des lumières complètement pop et des ambiances puissantes.
Ouvrez d'autres comics de la même époque et vous verrez, ça risque d'être moins puissant. En plus le récit de Miller est, comme à son habitude, d'une redoutable modernité et n'a absolument pas pris un ride, surtout dans son écriture. C'est un chef-d’œuvre intemporel à lire absolument, qu'on soit fan de lecture super-héroïque ou non. En plus, aucun prérequis n'est nécessaire pour lire l'histoire, alors n'hésitez plus et lisez ce récit.