Il y a des auteurs comme ça, ils vous marquent, et vous vous rendez même pas compte. Cela fait plusieurs années que je n'ai plus relu un Miller, et si j'ai toujours apprécié ses oeuvres (moins certaines de ses convictions, certes, mais ne confondons pas l'auteur et sa vie privée), ce n'est qu'en me plongeant dans The Man Without Fear que je réalise à quel point l'univers torturé de l'auteur de The Dark Knight Returns est fascinant. Qu"il soit sur Batman ou sur Daredevil, Miller a ce don pour donner aux séries urbaines une identité marquante.
Matt Murdock deviendra Daredevil, héros aveugle qui hante Hell's Kitchen pour la débarrasser du crime. Mais qui était-il avant cela ? Enfant réservé d'un boxeur has-been contraint de jouer les recouvreurs de dettes ou pire (tiens tiens...), Matt connait une enfance assez triste, faite de moqueries, de quolibets et d'humiliations, son père étant contraint de sacrifier son honneur pour mettre de la nourriture sur la table. Un jour, Matt subit un grave accident, lorsqu'il se jette sur un aveugle traversant la rue afin de lui éviter de se faire renverser. Le camion du chauffard contenait cependant des produits toxiques inconnus, qui ont rendu Matt aveugle mais l'ont doté de sens surpuissants. Ce n'est que le premier d'une longue série d'événements qui conduiront Matt à devenir un des plus grands héros que le monde ait jamais connu...
Comme à son habitude, Miller nous propose du sombre, du torturé, avec ce sens du registre épique qui sublime à merveille les émotions les plus basiques, et nous donne à voir des personnages souvent excessifs mais d'autant plus humains.
Je sais pas critiquer Miller, j'adhère trop complètement à son style pour vous en donner un avis nuancé. C'est le roi des ambiances polars et le génie qui a presque tout seul ressuscité Daredevil et Batman, et The Man Without Fear, sans être sa meilleure oeuvre, contient tous les ingrédients qui font de cet auteur un des plus grands.
Je ne peux toutefois pas refermer cette humble (et pour tout dire, peu enrichissante) bafouille sans louer le travail de John Romita Jr., qui signe peut-être ici certaines de ses plus belles planches. Une composition visuelle qui montre une excellente coopération entre les deux auteurs.
Je pense qu'il est assez évident que je recommande chaleureusement cette mini-série. C'est de la bonne.