Premier contact pour ma part avec Daredevil et avec Frank Miller (enfin, je me suis tapé l'ignoble 300 de Snyder, mais le lien est assez faible, je pense) et pour ainsi dire avec le monde du comics super-héroïque (niveau cinéma, ça va, mais c'est tout), je ressors un peu partagé de cette lecture. C'est plutôt sympathique à suivre, mais tout cela me paraît tout de même assez anecdotique, je dois dire.
Ce qui m'a vraiment gêné, en fait, c'est la narration, omniprésente. Le récit est plutôt bon, et se suit avec un certain intérêt malgré son absence quasi-totale d'originalité, mais le problème, c'est qu'il n'y a pas une page sans la présence envahissante du narrateur.
Non que les encadrés soient mal écrits ou inintéressants, mais souvent, ils se contentent de raconter ce qu'on voit à l'image en apportant une vague dimension psychologique. Parfois, ils sont utiles, mais d'autres fois, ils sont vraiment en trop, donnant presque l'impression de lire un roman illustré. En fait, j'ai surtout eu l'impression de lire un résumé de l'histoire, à cause de la place trop importante accordée à ces cartouches, qui donne l'impression qu'on assiste à une version condensée d'une histoire normalement plus dense.
Après, je n'ai pas détesté pour autant, car indéniablement, le récit est plutôt bien ficelé. Il manque assez cruellement d'originalité et peine à se démarquer des autres origin stories du même genre, mais clairement, les personnages sont bien écrits, on s'y attache sans peine, et on n'est pas indifférent par rapport à toutes les péripéties qui leur tombent dessus. J'aime bien la relation d'amitié de Daredevil avec son colocataire à l'université, simple et plutôt touchante, mais aussi la relation amour/haine qui naît avec Elektra, qui se rend compte elle-même de sa propre attirance pour le côté obscure.
Le dessin de John Romita Jr. est également très bon, et correspond bien à la fois à l'atmosphère sombre que Miller a mis en place et à un style comics plus classique, plus ancré dans l'histoire du genre, évoquant bien l'imagerie habituelle du récit de super-héros tel qu'on la connaît depuis les années 50 (alors même qu'il s'agit d'un récit sans aucun costume de super-héros, sauf dans sa toute dernière page).
Pour résumer, donc, c'est assez plaisant à lire, plutôt élégant et bien écrit, mais cette origin story de Daredevil peine à sortir du lot à cause d'un trop grand manque d'originalité et d'une narration envahissante.
Bref, le plaisir de lecture est là, mais les souvenirs risquent, eux, de s'envoler assez vite.