Mutafukaz m'a été vivement conseillé depuis de nombreuses années par plusieurs amateurs de BD. Moi-même fan du neuvième art et bercé aussi bien par le franco-belge que par les comics, il était évident que Mutafukaz devait un jour m'arriver entre les mains. Mais voilà, le destin en a voulu autrement et j'ai préféré me concentrer sur d'autres titres pendant très longtemps. Après bien 4 ou 5 ans à en entendre parler, j'ai donc lu Dark Meat City, le premier tome de Mutafukaz.
Alors là, autant le dire tout de suite : on en a pas pour son argent. C'est simple, une énorme partie du tome est composé de croquis, de notes, de détails techniques, de références biographiques. Alors, certes, c'est sympa, mais franchement j'aimerai plutôt avoir une histoire. Parce que, et c'est bien là le problème de ce premier tome de Mutafukaz : c'est qu'on a pas d'histoire.
On est à Dark Meat City, une ville gargantuesque nait du Big One, le séisme qui a ravagé la Californie. Dans cette ville, la violence est une gangrène quotidienne, accompagnée de la pauvreté, la misère, l'illettrisme, etc ... C'est dans ce merdier que vivent deux ados : Angelino et Vinz. Le premier a une énorme tête ronde et noire là où le second a un crâne enflammé. Un jour qu'il livre des pizzas, Angelino se retourne pour mater une fille et bam ! Il se prend un camion qui n'avait plus de frein (ou quasiment plus). Suite à ça, il a un énorme mal de crâne (c'est la moindre des choses) et commence à avoir des hallucinations.
Des hommes en noirs et la police tentent alors de l'arrêter/exécuter ce qui le force à fuir avec son ami Vinz. Mais dans la cavalcade, Angelino se découvre des capacités surhumaines.
Et là, vous me croyez ou non, mais je viens de vous raconter tout ce qu'il y avait dans ce premier volume !
Bon, je suis mauvaise langue, je n'ai pas parlé de la monté en tension des hallucinations ou des scènes chez les méchants qui servent à poser le background. Je n'ai pas non plus mentionné la géopolitique pourtant expliquée ainsi que les combats de catch. Mais malgré tout, ce tome ne révèle pas grand chose, enfaite il ne fait que poser les bases sans rien donner de plus et c'est particulièrement frustrant tant on a l'impression d'avoir à peine finit de lire l'introduction du récit.
Notons également que le récit se fait à la première personne et que je trouve la narration d'Angelo très artificielle. On sent que le but est d'expliquer des choses au lecteur et cela manque de subtilité à mon goût.
A côté de ça on a le style de Run.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un bonheur, un plaisir rare. Run fait le scénario, le dessin, l'encrage, la couleur. Son style graphique c'est entièrement lui et cela, du coup, lui donne une liberté énorme. Si le code graphique est globalement toujours le même, un mélange entre comics super-héroïque, détails de mangas et surtout grosse référence hip-hop, les couleurs varient énormément selon les scènes, offrant une grande palette très appréciable.
Que ça soit très coloré, à la limite du flashy, noir et blanc façon film policier, couleurs sombres comme un thriller, on a de l'ambiance, de la polyvalence. Disons le : on en a pour son argent à ce niveau là.
Voilà donc, pour moi, Mutafukaz est pour l'instant une déception.
Si graphiquement on est vraiment face à quelque chose de beau et d'intéressant, le récit peine à démarrer et on est clairement pas dedans quand le tome se referme. Finalement, le problème est qu'on a l'impression que Run est le premier étonné de cette publication qu'il a, semble-t-il, du porter comme son enfant. Il s'est battu pour voir naître Mutafukaz et on peut donc comprendre et pardonner cet aspect novice dans la création de ce premier volume.
Il me faut donc espérer que le tome 2 sera supérieur à cela.