Dans un monde de fantasy, de donjons et de dragons, Evan Williams était un héros exemplaire, reconnu pour ses qualités. Mais Evan a vieilli, il a passé le cap du level 41 (ans) et sa fougueuse jeunesse est derrière lui.
C’est ce postulat amusant qui a été adopté par Satoshi Miyagawa et Yoshimo Nanjô au sein de ce tome unique. Dans sa quête contre son adversaire le dieu du mal Calvados, Evan peut compter sur quelques alliés qui viennent s’ajouter à lui, mais le plus grand ennemi c’est lui. Son corps le trahit, il a mal au dos, il voit moins bien et il commence même à sentir une drôle d’odeur autour de lui, comme s’il sentait… le vieux ?
Notre héros à l’aube de sa décrépitude physique peut tenter de faire bonne figure devant ses camarades, subissant la honte de sa condition déclinante, mais il sera toujours rattrapé par le poids des années soudainement devenus bien plus lourdes à porter.
Daron Quest s’amuse ainsi de la condition de la vieillesse dans le cadre de la quête fantastique, habituellement réservée aux jeunes premiers, fringants éphèbes capables de porter des épées plus grandes eux. Tandis que les vieillards occupent traditionnellement un coin de page avec leur sagesse et leur magie. Mais Evan est un guerrier et le décalage subi est encore plus drôle. La plaisanterie est légère, avec quelques situations un peu plus décalées où les auteurs poussent le concept vers la réjouissante potacherie. Hémorroïdes et calculs urinaires seront ainsi de la partie au sein de leurs chapitres dédiés, entre autres petites fantaisies corporelles ou qui vont de pair avec cet âge grandissant.
Les éditions Omaké ont fait du beau travail pour l’adaptation au pays du Club Dorothée, se permettant quelques libertés s’intégrant bien. Le titre d’abord, Daron Quest, en hommage à la référence du RPG old-school Dragon Quest, est bien plus stimulant qu’Un Héros au level 41 ans, traduction littérale. Quelques reprises de vieilles chansons et autres jeux de mots plairont aux vieux trentenaires/quarantenaires français qui seront surtout le coeur de cible. Il est tout de même dommage qu’Evan donne un peu trop une impression de s’exprimer comme un jeune d’aujourd’hui, ce qui apparaît bien trop en décalage avec le propos de la série de chapitres. Enfin, l’avoir vendu comme un « isekai », genre très/trop populaire, est un peu idiot. Il y est question d’un passé lointain et mythique, pas d’un monde parallèle.
Cette courte plaisanterie entre jeu de rôles et crise de la quarantaine se révèle donc être une agréable lecture, exploitant avec le sourire son concept original qui renverse certains codes. Ce qui aurait pu être une production par-dessus la jambe est pourtant concoctée avec un évident professionnalisme, à l’image d’ailleurs des pages de Yoshimi Nanjo, dont la profusion de détails et les compositions sont même à l’étroit dans ces pages. Les auteurs ont au moins le mérite de ne pas tirer sur la corde, même si toutes les possibilités n’ont peut-être pas été épuisées, à d’autres peut-être de prendre la relève.