Daytripper, au jour le jour par toma Uberwenig

Loin de la brutalité sombre des sorties habituelles de Vertigo - le label qui a osé redéfinir les codes du Comics et l'un des artisans de son rayonnement actuel, débarrassé enfin des connotations négatives qu'on lui a collé au cul alors qu'Alan Moore oeuvrait déjà, et que l'ombre de la nouvelle génération de génies magickiens dansait déjà à l'horizon, précédant la révolution en mouvement, Grant Morrison, Neil Gaiman, Garth Ennis, Warren Ellis, Mark Millar, entre autres ; loin des habitudes du label donc, débarque en France dans une édition magnifique un condensé de poésie et d'émotion, qui finalement consomme le fait que le comics n'a plus de frontières.
Si l'on en avait parlé il y a 10 ans, on aurait parlé de Bédé Franco Belge, en ramenant un peu de Pratt, de Comès ; il y a encore quelques années, on aurait eu besoin de placer le terme Graphic Novel toutes les trois lignes pour se rassurer. Aujourd'hui, plus besoin, l'univers de la poésie graphique n'a plus de frontière, et les codes ne sont là que pour ceux qui souhaitent les utiliser ou les détourner mais ne forcent plus le positionnement.
Tout ça, Daytripper nous le dit, et en même temps s'en fiche éperdument. Condensé d'émotions pures, de rêves entremêlés, de cris du coeur, baignant dans une chaleur moite et confortable que n'aurait certainement pas renié Borgès, les auteurs nous racontent la force de la vie à travers les morts possibles d'un même personnage, toutes bien réelles, et pourtant nimbées des brumes du rêve. Résurrections, dimensions parallèles ? On s'en fout, Daytripper est clairement au delà de ça. Les chapitres se répondent, se reflètent, s'enlacent, dans un mouvement lent et sensuel, onirique.
Daytripper nous offre des fragments de vie qui ont la force du rêve, habité par la magie, la vraie, celle que seuls les conteurs, les amoureux, les mages, les poètes ont pu effleurer. Daytripper nous révèle la vraie couleur des rêves et nous fait goûter à l'interdit, au delà du voile d'Isis.
Une expérience qui s'impose comme unique, indispensable, qui prend au coeur, et qui redessine les contours de vos propres souvenirs...
toma_uberwenig
9
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le 17 août 2012

Modifiée

le 18 août 2012

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toma Uberwenig

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