La suite spirituelle de Fear Agent.
Grant McKay est un scientifique de génie mais également un anarchiste notoire rejeté par ses contemporains et détesté par l'ensemble de la communauté scientifique. Pourtant, après avoir méprisé l'ensemble des lois qui régissent le monde ésotérique et nébuleux de la science, McKay a réussi là où les autres ont échoué.
Cet Électron libre incontrôlable, ce rejeton de la science moderne est parvenu à construire un dispositif complexe permettant à l'humanité de voyager à travers l'oignon : une infinité d’univers parallèles et de dimensions.
Malheureusement, suite à un dysfonctionnement, McKay, son équipe d'exploration et ses deux enfants se retrouvent piégés dans les innombrables dimensions de l'infinivers.
Condamnée à errer à travers les couches de l’oignon, L’expédition n'a plus le choix : explorer l'inconnu !
Après avoir narré les aventures de Heath Hudson, l'astronaute le plus malchanceux et le plus alcoolique du cosmos, Rick Remender est de retour pour une nouvelle série de science-fiction très personnelle qui s'annonce d'ores et déjà comme un futur classique du monde du comics indépendant au même titre que Saga ou East of West.
Au travers d'une histoire palpitante au rythme effréné, Black Science nous présente une galerie de personnages attachants et une ambiance remarquable qui puise ses bases au cœur de la SF Pulp des années 50 avec tout le coté kitch que cela implique.
Entre les combinaisons d'exploration au style démodée, les terribles hommes-grenouilles des marécages, les lugubres singes savants isolés dans les montagnes et les indiens à la technologie extrêmement évoluée, les mordus de SF à la Amazing Stories où à la Weird science seront aux anges face à cet univers riche en concepts et en idées farfelues.
Black Science est un comics au look retro mais à la narration, aux enjeux et aux dialogues résolument modernes.
La narration est particulière car elle se montre exigeante tout en étant fluide et cohérente.
Le comics prend le risque de plonger le lecteur dans l'ignorance la plus totale dès le début avec une introduction qui met en scène la mort d'un membre de l’équipe et en omettant la présentation des personnages.
La psychologie des protagonistes ne sera donc dévoilée qu'au compte-goutte à travers les nombreux flashback qui parsèment les pages du récit.
Ainsi, les différentes facettes de la personnalité de McKay restes mystérieuses et sa psychologie difficile à établir : présenté comme un ingénieur brillant et charismatique en début de livre, il va rapidement passer pour un personnage ambigu aux allures d'anti-héros asocial et tourné vers une addiction particulière.
Le comics s'avère donc riche en rebondissements sur le parcours et la personnalité de ses héros en plus de faire preuve d'une certaine cruauté à leur encontre en multipliant les mauvaise passes et les morts foudroyantes.
Pour accompagner ce récit, le dessin de Mattea Scalera se montre des plus convaincants. Avec son sens du détail, ses personnages aux gueules marquantes et son aisance naturelle pour passer du dynamisme d'une scène d'action à la lenteur qui caractérise une scène de contemplation, Scalera à accompli un travail prodigieux et semble toujours en période de perfectionnement.
A noter que la gestion des couleurs de Dean White est parfaite et donne au livre, une ambiance et un ton vraiment unique.
Avec son intrigue passionnante, son univers de space-opera riche et foisonnant d'idées, ses personnages attachants, son ambiance intense axée sur la survie et l'exploration et sa patte graphique stupéfiante, Black Science est une énorme surprise !
Un comics qui allie légèreté et profondeur avec panache et arrive à mettre en place une histoire et un univers au potentiel encourageant !
Un excellent début pour la nouvelle série de Rick Remender !