S’il y a bien un titre qui m’a surpris à ses débuts, puis envouté avec le deuxième c’est bien la version New52 de Wonder Woman. Le titre flirte tellement avec la mythologie, qu’en tant que féru de la Grèce antique, je suis aux anges à chaque nouvelles arrivées divines. Mais la grande force du récit de Brian Azzarello, c’est vraiment de transporter cette mythologie et ces dieux à notre époque, les voir évoluer chez nous, maintenant, tout en gardant leurs us et coutumes d’époques, ainsi que leur soif insatiable de vengeance et leur quête de pouvoir.
Cet habile mélange nous offre une œuvre originale, rafraîchissante, loin de ce qu’on peut lire en temps normal. Azzarello nous offre également une vision bien différente de la Wonder Woman de la Justice League, elle y paraît moins froide, moins hautaine, plus compatissante, plus touchante, pleine d’amour pour son prochain. Une Wonder Woman qui me parle beaucoup plus, qui m’interpelle et m’intéresse.
Tandis qu’une terrible trahison pousse la vaillante Reine des Amazones à conclure un marché avec les Dieux qui ne souhaitent pourtant qu’une chose : sa mort, de nouvelles responsabilités viennent compliquer sa mission. Hermès vient en effet de dérober le dernier fils de Zeus, et Orion, le mystérieux Néo-Dieu est envoyé non pas pour le retrouver mais pour l’exécuter… (Contient NEW 52 WONDER WOMAN vol.3 : Iron #0 et #13-18)
Le tome démarre avec l’épisode #0, je ne suis pas friand de ces fameux épisodes spéciaux. Et pourtant celui-ci est assez sympa. Nous plongeons dans le passé de Diana et découvrons sa première rencontre avec Arès, sa formation, son évolution et la déception qu’elle va procurer au Dieu de la guerre. Une façon de nous montrer un peu la complexité du lien qui unit Diana à Arès.
Puis commence la saga « De Sang et de Fer » ! Tout commence avec Apollon nouveau chef de l’Olympe, après la disparition de son père et le fait qu’Héra soit devenue simple mortelle, qui réunit les fils et filles de Zeus faisant partis des douze. On y retrouve Apollon, Artémis, Arès, Héphaïstos mais également Dionysos (au look de jeune rebelle, une queue de renard dans la poche) et Aphrodite (nue, les parties intimes de son corps cachées par son interminable chevelure, on ne voit pas son visage). Apollon leur apprend une sinistre prophétie : « Qu’un enfant de Zeus tuera l’un d’entre nous et s’emparera du trône. » Apollon cherche clairement à manipuler les autres dieux pour se protéger lui, la seule véritable cible de cette prophétie. Tous ne seront pas dupe…
Au même moment, nous assistons en Antarctique, à la découverte du Premier-né, le premier enfant de Zeus, que ce dernier à tenté de faire disparaître…
De son côté, Diana doit jongler avec une Zola haineuse envers Héra et en larmes de n’avoir pu avoir son enfant des ses bras, une Héra en rage d’être humaine, un Lennox toujours aussi énigmatique qui lui apprend l’existence de cinq autre demi-dieu comme eux, nés à cette époque et enfant avec l’apparition d’Orion le Néo-Dieu, venu tuer l’enfant de Zola.
L’occasion pour nous de découvrir de nouveaux personnages, la tragique Siracca, le bizarre Milan, le peu utile Orion ou encore le puissant Premier-né. Autant de nouveaux personnages, magistralement imaginé graphiquement par Cliff Chiang, terriblement intéressants. Pour la plupart, car je reste assez réservé sur l’utilité d’Orion dans ce récit… A voir par la suite. Quel plaisir de voir de nouveaux personnages du panthéon grecque faire leur apparition et se fondre dans ce parterre déjà important de personnages. Et pourtant, Azzarello arrive à jongler avec tous ses personnages.
Cela est possible grâce à sa narration, divisée en trois. On jongle, durant un même chapitre avec les aventures de Diana qui recherche ses frères et sœurs afin de mettre la main sur le bébé de Zola, jonglant avec sa grande, très grande famille ; la quête du Premier-né pour récupérer ses armes et son armure pour prendre l’Olympe et accomplir son destin, et les agissements des dieux (tous plus manipulateurs et indépendants les uns que les autres) autour d’Apollon, qui essaie de sauver sa vie en manipulant son monde.
Azzarello en profite pour travailler sur tous ses personnages, en profondeur, d’en faire des personnes que l’on aime, ou que l’on aime détester. Mention spéciale pour les demi-frères et sœurs de Diana. Au passé lourd, au design impeccable, et qui sont tout de suite attachant. La palme allant cependant à Diana, à qui Azzarello arrive à donner une véritable profondeur, une véritable histoire, un passé tragique, une quête touchante, des alliés intéressants. Il en fait une femme de cœur, une femme agissant en fonction des sentiments les plus beaux. Diana devient touchante dans sa fragilité et sa crédulité.
Au final, quasiment tout ce beau monde va se retrouver pour le grand final, pas de grande bataille, il n’y en a pas besoin, de la manipulation c’est beaucoup mieux. Et si certains personnages nous surprennent de par leur agissement, d’autres nous intriguent sur leur utilité, tandis qu’on espère revoir certains. Cependant je dois reconnaître que la fin est un peu en dessous du reste du tome, arrivant un peu comme sur un cheveu sur la soupe et cassant pas mal le rythme.
Petit mot sur les dessins. Si Cliff Chiang fait toujours un sans faute en nous offrant toujours de superbes planches pleines de vie et expressives à souhait. Tony Akins m’a réellement surpris en réduisant le fossé qui le séparait de Chiang. Ce n’est pas aussi beau, mais il nous offre de très belles planches, donnant beaucoup de rythme. Son trait me fait un peu penser à des dessins de BD, avec des petites touches cartoonesques par moment. Quelques petits défauts par-ci par-là, mais ses cases sont riches de détails, belles à regarder et notons le formidable travail sur les couleurs de Matthew Wilson.
Bref, ce troisième tome de Wonder Woman donne de plus en plus une forme d’Odyssée pour la belle Diana, un peu à l’image de celui qu’Ulysse a traverser sous l’imagination d’Homère. En perpétuelle quête, toujours entourée de plus d’ennemis et d’alliés, elle traverse les obstacles avec courage et un grand cœur. Formidable quête empreinte de mythologie, la fin est un peu en dessous si l’on veut chipoter mais le voyage reste fantastique et prenant. Vraiment un très belle ouvrage et très bonne série.