Je vais pas indûment jouer l'expert. Avant cet épisode New 52 et sa mini-introduction à la fin de la saga Brightest Day, je n'avais pas entendu parler de la Créature des Marais (ou alors son vague cousin de chez Scooby Doo mais c'est tout). Je me suis procuré ce volume suite au bruit considérable qu'il a fait. Considéré comme un des fleurons des New 52, le reboot DC qui n'a pas fait que de bonnes choses, je voulais avoir une idée du meilleur qu'on avait à nous proposer.
L'histoire se situe donc directement après la résurrection d'Alec Holland, alors qu'il tente de reprendre une vie normale en tant qu'honnête employé de scierie, délaissant la science et les plantes pour une existence plus calme. Mais le parlement de la Sève, personnification du règne végétal, n'a aucune envie de le laisser en paix, et se rappelle à son bon souvenir chaque fois que c'est possible. Car une prophétie annonce un grand danger. La Nécrose, une des trois grandes puissances primales de la nature, avec la Sève et le Sang, est sur le point de prendre l'ascendant sur ses opposants, et seul Alec Holland, en tant que leur avatar le plus puissant, peut sauver le parlement... seulement, Holland n'a aucune envie de se soumettre à nouveau à cette force brute...
Je sais tout le bien que beaucoup pensent de cet épisode, qu'il n'est pas manichéen, que la nature n'est pas idéalisée et que ça change de toutes ces conneries de hippies écolo bobo qu'on entend et voit partout... mouais. je ne suis que partiellement convaincu. Autant tout le côté horrifique, bestial, ouais, ok, j'adhère, j'aime ce côté un peu série Z assumé. Autant... je sais pas où on va. Oui je sais, c'est le tout début de la série, c'est plus une introduction qu'autre chose, mais voilà.
Il va aussi falloir parler du travail graphique de Yannick Paquette, unanimement salué pour sa richesse et sa créativité. C'est très beau, de fait, la plupart du temps. Mais un peu chargé pour le plaisir, et pas nécessairement très lisible. La palette de couleur est d'ailleurs souvent agressive inutilement, vous me direz que c'est pour coller à l'atmosphère... mais ça nuit au confort de lecture, et du coup je suis partagé.
Scott Snyder. C'est déjà la deuxième fois en quelques jours que j'écris une critique où il figure. J'ai déjà dit tout le bien et tout le mal que je pensais de lui. Un excellent scénariste qui tombe malheureusement trop souvent dans le piège de la facilité et d'une fausse originalité prétentieuse. Cette série ne déroge pas à la règle même si c'est beaucoup moins fort que dans l'An Zéro par exemple. Il s'agit toutefois d'un travail plus "risqué" (entre Batman, une des séries phares de DC, et Swamp Thing, un personnage qui n'a connu l'état de grâce que sous la plume d'Alan Moore il y a déjà un bout de temps, le défi et les enjeux sont totalement différents), et de fait ça change pas mal la donne. Les changements et adaptations sonnent moins comme des coups d'éclat au rabais et plus comme un vrai travail de fond, de remaniement. L'intelligence de la chose, aussi, même si ça ne dépend pas totalement de lui, c'est de ne pas remanier le personnage de fond en comble. Ce n'est pas la même Swamp Thing qui a existé auparavant, mais cette série en est la suite directe et assumée, qui se donne la tâche de faire du neuf avec du vieux. J'apprécie.
Finalement, si je voulais exprimer le fond de ma pensée... je dirais qu'il est trop tôt. Ce volume est à peine une introduction, qui ne fait que mettre un petit bout d'orteil dans l'univers de Swamp Thing. Je ne saurais dire si j'apprécie vraiment ou non, car je manque tout simplement de matière.
Tout ce que je peux dire, c'est que malgré certaines des réserves que j'ai pu exprimer, Swamp Thing me semble une série prometteuse.