Bienvenue à Tokyo ! La mégalopole est comme tous les jours, à ceci près que son ciel est obscurci par la présence d’un vaisseau spatial, un vrai.
Pourtant cette présence a priori extraordinaire ne semble pas bouleverser le quotidien des tokyoïtes. Parce qu’il ne se passe rien. Le vaisseau est arrivé, a essuyé des attaques et depuis plus rien, si bien qu’une forme de banalisation du vaisseau apparaît : comme s’il faisait, désormais, partie du décor, une attraction de plus.
La jaquette du tome contient un bandeau portant les indications suivantes : « Une allégorie moderne décryptant la société japonaise post-Fukushima. » Si plusieurs mangakas se sont penchés sur cet événement majeur des dernières années au Japon (Au cœur de Fukushima, Je reviendrai vous voir, Colère nucléaire, Daisy, lycéennes à Fukushima…), Inio Asano semble le faire de manière indirecte, poussant ainsi le lecteur à analyser le récit.
En effet, si l’on regarde ce qui se passe suite à l’intrusion du vaisseau spatial, des parallèles avec la triple catastrophe de mars 2011 (séisme, tsunami, catastrophe nucléaire) apparaissent : victimes humaines, Etat d’urgence, mouvement de solidarité en provenance de l’étranger, manifestations, débats pour évaluer ce qui a été fait, savoir ce qu’il faut faire et comment réagir à l’avenir, contraintes économiques… Un sujet inépuisable.
Mais toute cette activité autour du vaisseau spatial n’empêche pas les habitants de vaquer à leurs occupations. Dans DDDD, nous suivons plus particulièrement deux personnages : Kadode et Ôran. La seconde est l’élément un peu foufou et imprévisible, exubérante et joueuse de FPS qui parle sans filtre et apparaît tout à la fois perchée et adorable pour Kadode. Celle-là oscille entre des considérations sur une vie pas vraiment folichonne concernant sa famille, son avenir, ses camarades de classe, les sentiments qu’elle nourrit pour un de ses professeurs et quelques rêves utopiques.
Gravitant autour des deux amies, on trouve leurs camarades de classe, des adultes, des jeunes plus âgés (comme Hiroshi), chacun illustrant un thème particulier (le premier amour ; le travail et rien d’autre ; que faire de sa vie après de bonnes études à la fac…).
Mais cette tranquillité va-t-elle perdurer ? Il appartiendra aux prochains volumes de répondre à cette question... En somme ce premier tome de DDDD pose de solides bases pour la suite : présentation d'un univers qui sera amené à évoluer, apparition de quelques personnages et thématiques sur lesquels la suite pourra tranquillement se construire. Bref, les envahisseurs sont là et, espérons-le, pour longtemps !
Version longue et illustrée à retrouver par là.