Dead Tube de Mikoto Yamaguchi et Kitakawa Touta, c’est comme scroller sur une plateforme vidéo qui aurait mangé trop de piments : sensationnel, dérangeant, et franchement pas pour tous les estomacs. Ce manga plonge tête la première dans une dystopie numérique où tout est permis pour obtenir des vues. Littéralement tout. Spoiler : ça vire très vite au carnage.
L’histoire suit Tomohiro, un lycéen ordinaire avec un talent pour filmer (et des choix d’amis très discutables). Il est entraîné par Mai, une fille aussi charmante qu’effrayante, dans Dead Tube, une plateforme où les participants uploadent des vidéos pour gagner de l’argent… au prix de leur âme (et parfois de leur tête). Le résultat ? Une compétition où la décence meurt à chaque chapitre, remplacée par une escalade de violence et de perversions.
Le concept, aussi malsain qu’il soit, a de quoi intriguer. Yamaguchi pousse à l’extrême la logique des réseaux sociaux : jusqu’où irions-nous pour obtenir des clics ? Mais si le pitch semble vouloir interroger notre obsession pour la notoriété et le voyeurisme, la profondeur se noie souvent dans un torrent de scènes choquantes et gratuites.
Graphiquement, Kitakawa Touta fait du bon boulot… peut-être même trop bon. Les scènes de violence sont détaillées à l’excès, au point que certaines pages te donnent envie de regarder ailleurs (ou de t’assurer que personne ne regarde par-dessus ton épaule). Les personnages, eux, oscillent entre le caricatural et le creepy, avec une mention spéciale pour Mai, qui redéfinit le concept de "femme fatale" à chaque apparition.
Le problème, c’est que Dead Tube peine à trouver un équilibre entre sa critique sociale potentielle et son penchant pour le sensationnalisme. Chaque idée intéressante est rapidement noyée dans un déluge de gore et d’excès. Si tu cherches une réflexion subtile sur les dérives du numérique, passe ton chemin. Si tu veux voir des gens faire des choses complètement dingues pour des likes, bienvenue à la foire.
Un autre hic, ce sont les personnages : Tomohiro, en particulier, a autant de charisme qu’un trépied. Son rôle de spectateur passif face à l’horreur finit par lasser, même si son évolution (ou son absence d’évolution ?) est un commentaire en soi. Et ne parlons pas de Mai, dont la folie manipulatrice devient vite prévisible.
En résumé : Dead Tube est un manga qui se dévore avec un mélange de fascination et de malaise. Il soulève des questions intéressantes sur notre rapport aux médias, mais préfère souvent te balancer une brique de sang et de chaos à la figure plutôt que d’y répondre. À lire si tu as le cœur bien accroché et une envie de descendre dans les bas-fonds du numérique… mais ne t’attends pas à en sortir indemne.