Deadpool est un personnage bien mystérieux, au sens où son succès est assez inexplicable. Il a une origine, une bibliographie fournie, des tonnes de références, un capital sympathie énorme, mais à part les parutions classiques Marvel et son viol dans le premier film sur Wolverine, rien de bien folichon pour attirer en masse le chaland. Un peu comme le Punisher en somme. Un personnage bien connu des aficionados mais loin d'être connu du grand public et sans véritable enjeu. Néanmoins, le film arrivant, la machine à cash Marvel s'est dit que ce serait un bonne idée de sortir les TPB des diverses mini séries du tueur le plus barré de l'univers des comics. C'est le cas de ce Deadpool: L'art de la guerre sorti initialement en 2014 qui reprend assez remarquablement les codes du personnage pour les appliquer à une histoire sans autre justification que "et si on disait que Deadpool revenait à l'époque de Sun Tzu pour nous raconter sa version de L'art de la guerre".
Déjà on a Peter David au scénario. Alors forcément, comme il s'agit d'un habitué de la Maison des Idées, on sent sa facilité à manier les personnages, l'univers et les références. Mais Peter David est un scénariste brillant qui a su prendre le personnage et en tirer une petite aventure aux proportions épiques tout en n'ayant aucun impact sur l'univers canonique. Et c'est bien dans cette idée que le personnage de Deadpool a la meilleure chance de nous faire vivre des histoires passionnantes. A vouloir placer un personnage aussi complexe et atypique que celui ci nuit à l'implication du lecteur. Sauf qu'ici, le placer dans un univers de poche, pour au final nous faire "un commentaire de texte d'un traité guerrier datant de 2500 ans appliqué aux comics" , est une brillante idée. Tout devient prétexte à réflexion sur ce qui peut être appliqué ou non à un univers rempli de héros mythiques soutenu par un humour fin et rarement appuyé.
Cette petite mini série est un vent de fraicheur, une bonne poilade pas lourde, pas forcément super jolie, mais tellement rafraichissante et enrichissante, qu'on ne peut bouder son plaisir. Ajoutons à cela une bonne édition, sans supplément, mais pas chère et jolie, et tout va pour le mieux. Si Panini voulait devenir un éditeur intelligent, c'est comme ça qu'il ferait...