Le tome 2 nous avait laissé avec une Deathko mal en point. Le trophée désigné par la Guilde, Shotaro Ishiguro, offrait de la résistance - accompagné de ses hommes de main - en plus d'aimer dorloter les reapers souhaitant lui régler son compte. Entre la proie et les chasseurs, y avait-il une si grande différence ?
Toutefois, si la proie peut devenir chasseur, les choses vont rentrer dans le rang et la « chaîne alimentaire » du manga retrouver sa logique. Pendant que Hyper et Super Skull (je crois) augmentent encore un peu plus leur compte à rebours avant d’intervenir, Deathko va moissonner, non sans avoir été enfermée un instant (clin d'œil à Soil). Lee ne sera pas de trop pour lui permettre de réussir sa mission. Je reviens sur cette victoire un peu plus bas.
Nouvelle moisson réussie pour le compte de la Guilde qui reste encore dans le brouillard, quelque chose d'insaisissable. Si les trophées posent des questions, que certains trouvent des réponses, pour l'heure le mystère demeure. Peut-être vaut-il mieux ne pas s'intéresser de trop près à un sujet qui ne doit rapporter que des ennuis. Mais elle n'est pas la seule société secrète à opérer dans l'ombre, au service de desseins qui ne sont pas forcément en adéquation avec le bien commun.
Deux nouveautés sont à signaler dans ce volume :
- La première : on apprend la mission que Madame M (qui conserve quelques réflexes – et on peut aussi déduire sa physionomie quand elle était en forme) a donné à Deathko. Peut-être l’aviez-vous, du reste, déjà devinée.
- La seconde : une nouvelle cible est attribuée à notre reapeuse. Une cible qui représente une menace bien plus importante que les précédentes d'où une mission qui nécessite plus d'investissements de la part de Deathko : il faut localiser la proie, attendre... Spoiler : elle déteste ça.
Je n'insisterai pas davantage sur l'intrigue car ce n'est pas elle qui m'a le plus attiré dans le tome, contrairement à la structure d'ensemble et la manière dont tout est articulé.
Du côté de l'organisation du tome, la mécanique d'ensemble est bien huilée : Deathko moissonne, déprime puis une nouvelle mission arrive et la voilà repartie (non sans avoir mangé et s'être lavée), Lee restant à ses côtés pour veiller à ce qu'elle revienne en vie.
De plus, dans le combat qui oppose Deathko à Shotaro Ishiguro on retrouve des éléments aperçus dans les missions précédentes : les Dead Quenn Bee en difficulté ; une fumée qui tombe à point nommé ; le pied sur le visage de Kaho... On peut rajouter le fait que Hyper et Super Skull se font agresser par la limousine des Dead Queen Bee à l'aller comme au retour ainsi que les rêves/fantasmes de Kaho, qui sont en décalage avec sa situation réelle - au minimum dans le monde des Reapers.
Comme auparavant, on voit aussi que Deathko n'est pas bien vue. Dans le tome 2 cela se déroulait dans un fast-food, ici dans une supérette où, là aussi, elle rend les gens mal à l'aise. Pourquoi ? Est-ce seulement à cause de son apparence ? Trop bizarre donc mise à l'écart, comme une paria ? Après cette halte, elle fera un tour sur une statue et sur la route – ce qui nous offre un moment assez bizarre, le genre de bizarre que l’on peut trouver dans Soil ou Wet Moon où la réalité semble se distordre brutalement, où une rupture s'installe.
Finalement l'histoire de Deathco instaure une certaine récurrence dans des éléments de l'intrigue. On pourrait alors en déduire que récurrence <=> routine donc que Deathco est un manga qui ronronne. Mais il faut immédiatement souligner que la routine n'est jamais la répétition exacte de ce qui s'est passé auparavant. Il y a du jeu, des évolutions. Routine et innovation vont de pair. Par exemple :
- Le nouveau joujou de Deathko, dévoilé dans le tome 2 à Lee est utilisé ici
- Elle finit le combat plutôt mal en point
- Le pied que reçoit Kaho lui laisse moins de marques
- Lee et Deathko se déplacent dans des véhicules différents au fil des missions
Cette modification constante de ce que l'on a déjà aperçu se retrouve dans le dessin avec des jeux de miroirs. On peut prendre l'exemple du building que Deathko observe dans un premier temps à proximité, sans être maquillée (image) puis qu'elle "investit" (image) : elle se trouve à son sommet, elle est apprêtée, c'est Lee qui observe, des corbeaux sont là, le ciel a changé, idem pour l'angle de vue...
Le changement se perçoit aussi dans le toucher ! En effet, une fois ôtée la jaquette du tome on réalise que ce dernier n'a pas le même rendu, la même texture que les deux premiers.
En somme, ce troisième tome de Deathco est trompeur. Il donne l'impression d'être dans un terrain connu, entretient un air de famille évident avec les précédents, pourtant Atsushi Kaneko ne se contente pas de répéter une partition déjà jouée mais la réinterprète, instille des changements... Cette mission est-elle le point de départ d'un grand bouleversement ? Vers quoi nous dirigeons-nous ? Mystère et boule de gomme mais on a envie de voir !