Sur fond d'une France qui va maaaaaaaaaaaal, se vautre dans la superficialité, et où la musique (la vraie, la seule, la pure, celle qui a des couilles : le rock'n'roll) a été opprimée, certains se découvrent un pouvoir magique : celui d'avoir un avis et de l'exprimer. Ce faisant, cela peut donner lieu à des boules de feu et autres pouvoirs destructeurs.
On suit ainsi les pérégrinations de Joshua, excité de service qui n'aime rien, Anna, l'intello qui sait lire des livres (si si !), et Nathan, frère-punk de Joshua. Ceux-ci se découvrent leur pouvoir et décident de le mettre au service du Dieu-Rock afin de remuer la société et lui rendre son âme.
Ambiance manga, mais néanmoins français (publié chez Ankama), Debaser (du nom d'une chanson-phare des Pixies) a des relans de dystopie (notamment Globalia, de mon humble avis) : l'oppression a opéré pour le bien du plus grand nombre, afin que chacun puisse vivre une existence sucrée et prémâchée. Évidemment, il y a toujours des gens à qui cela ne convient pas, qui rêvent d'une vie plus vraie, plus pure. Le dilemme de la pilule rouge ou la pilule bleue, en quelque sorte.
Stylistiquement parlant, c'est du manga-style assez chargé, péchu, dynamique, qui reprend les codes classique du manga délirant, avec des filles aux opulentes poitrines, et de la baston sans sens. Mais pas que, étant donné que l'univers est résolument décalé et rock'n'roll : les références aux groupes déchus pullulent (notamment les noms de chaque chapitre), voire à des éléments de notre monde actuel.
L'histoire est sympa et fraîche, et change de ce qu'on a l'habitude de lire. On sent clairement le côté engagé de l'auteure, il faut donc s'attendre à lire en filigrane des critiques de notre société actuelle. Engagé... et parfois trop, je dirais : on a l'impression que le filigrane disparaît parfois au profit de critiques pures et simples, ce qui desserre légèrement l'histoire.
Au fil des 7 volumes (8ème et dernier tome à paraître prochainement), il y a des hauts et des bas : les personnages vont et viennent, prennent de l'importance avant de disparaître complètement. Là encore, le style reste décalé : il n'y a pas un et un seul héros que l'on suit de bout en bout. Ceci dit, les retournements de situations sont au rendez-vous, et au final il se dégage de l'œuvre une ambiance bien sympathique... pour peu que l'on soit touché par le thème !
Petite cerise sur le gâteau : le premier volume est disponible gratuitement sur internet : http://www.label619.com/fr/news/focus-debaser