La famille Sanson n’y arrive pas. Même quand il n’y a plus que Charles-Henri et Marie-Josèphe, les nuages ne tardent pas à s’accumuler, et la fratrie à se déchirer. Revigoré par une nuit forte en émotion, Charles-Henri est un "nouvel homme", qui entend diriger la maison Sanson, pour qu’elle conserve son rang et qu’il puisse ainsi atteindre son but. Marie-Josèphe ayant toujours eu un peu de mal avec l’autorité ne se fera pas prier pour défier son frère.
La rupture semble consommée et on pressent que cela pourrait dégénérer car instrumentaliser le différend entre le frère et la sœur pourrait apporter un peu d’animation dans l’univers de dominants qui s’ennuient... Le tableau dressé de cette frange de la société continue à ne pas être très brillant si bien que l’on comprend que le futur Louis XVI souhaite mourir et ne soit pas plus handicapé que cela par sa myopie : « Je m’estime bien heureux d’avoir mauvaise vue. Toute la laideur qui m’entoure s’évanouit dans un halo de lumière. » #MyopieRules !
Outre la dégradation de la relation entre les deux Sanson désormais en pleine lumière, le volume nous permet d’assister à une nouvelle exécution. Marie-Josèphe a l’occasion de montrer tout son talent (pour faire tourner les têtes et les couper) et on peut juger des progrès accomplis. De nouveaux personnages font leur apparition et le manga conserve cet élément que j’apprécie tant : faire rencontrer des personnages qui seront amenés à se revoir plus tard, dans des circonstances bien différentes. Shin’ichi Sakamoto arrive à chaque fois à réussir son coup.
On retrouve aussi pas mal de symboles et d’images. On peut juger cela un peu trop chargé mais, pour ma part, ce sont des éléments que j'apprécie car... j'arrive à les comprendre (pour une fois) ! Innocent fait partie des séries dont les symboles me parlent sans que j'ai besoin de me triturer les méninges pour savoir ce que tel ou tel signe peut signifier. Je les trouve, de plus, bien agencés dans le jeu des cases et des pages. D'où une lecture agréable, qui n'est pas heurtée par des arrêts (sauf pour voir à quel moment Maire-Josèphe nous honore de son "Tss").
Ce sixième volume continue donc à bâtir une intrigue solide tout en jouant sur des registres, des enchaînements, des moments déjà entraperçus dans les précédents sans que cela me donne l'envie d'une redite. Au contraire, cela souligne une forme de routine qui n'est jamais la simple répétition de ce qui a été fait auparavant.
Le mot de l'auteur en début d'ouvrage est assez vif (le signe que Shin'ichi Sakamoto a été chahuté par les critiques ?) : "Pour certains, une accolade suffit à tout résoudre. D'autres pardonnent tout sous le prétexte de l'affection. Moi, je ne suis pas dupe. Tous les artistes marquants ont dû avancer à contre-courant, seuls, envers et contre tous. Je ne me considère pas comme leur égal, mais je suis prêt à faire face à tous les cracheurs de venin." Rassurez-vous M. Sakamoto, de venin il n'y a nulle trace dans les lignes qui précèdent. ありがとうございます !