Jonathan Hickman au scénario, une couverture simplement superbe, une format prometteur, Mike Huddleston qui signe la partie graphique, il n’en fallu pas plus pour m’inviter à plonger dans l’aventure Decorum ! Même si elle n’est prévue qu’en huit épisodes, et donc deux tomes. Difficile d’attendre de rentrer à la maison avant de me jeter dedans, tant je suis fan de ce scénariste et de son travail.
S’il est vrai que le meurtre constitue un dénominateur commun entre toutes les espèces, il n’en va pas de même pour l’assassinat, qui relève plutôt de… la vocation.
(Contient les épisodes #1 à 4)
Seulement quelques mots en quatrième de couverture, mais il n’en faut pas plus pour comprendre que nous avons la promesse d’une nouvelle aventure, d’une nouvelle expérience incroyable de la part de Jonathan Hickman.
Je vais commencer par les dessins de Mike Huddleston. Il s’agit clairement d’une expérience graphique assez unique en son genre. Un seul dessinateur, mais l’impression d’en voir tellement plus. Mike Huddleston ne se contente pas d’un style unique pour cette série. On en prend plein les yeux ! Des dessins en couleurs, des dessins en noir et blanc, de simples crayonnés à une approche plus artistique, à l’ordinateur ou à la main. On est surpris et emporter à chaque page.
Des dessins incroyables nous emportant dans un voyage unique, à nul autre pareil. Graphiquement, j’ai rarement pris une telle claque. Les personnages sont si somptueux, l’action tellement vivante et prenante, et que dire de tous ces incroyables planètes, une immersion totale et absolue. Il ne serait pas exagéré de dire que les simples dessins de Mike Huddleston justifient de se lancer dans cette aventure les yeux fermés.
Quelque part dans la galaxie, dans une galaxie, vit Neha, jeune coursière qui a un mal fou à s’en sortir financièrement. D’autant que sa famille représente un sacré fardeau. Face à ses difficultés pécuniaires elle est réduite à accepter toutes les courses, toutes les livraisons, même les plus dangereuses. La dernière en date, celle qui nous fait faire la connaissance de Neha, va la conduire à se retrouver sur la route d’une incroyable femme assassin. Cette rencontre va changer du tout au tout la vie de Neha, puisqu’elle va la conduire à ouvrir les portes d’une confrérie de meurtrières intergalactiques.
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, Hickman ne se contente pas d’une intrigue aussi « simple », nous avons le droit à quelque chose de plus grand, de beaucoup plus grand. De cosmique ! Dans cette galaxie, cet univers impitoyable, une sorte d’Intelligence Artificielle complètement folle, omnipotente, dangereuse et ayant soif de liberté. Elle va donc rentrer en conflit avec les Mères, d’étranges déesses très puissantes, l’obligeant à fuir.
Nous nous retrouvons donc avec deux intrigues bien différentes mêlant l’infiniment grand et le minimalement petit, mais qui se concentrent sur des personnages féminins en difficulté, rêvant chacune à leur niveau de liberté, d’une nouvelle vie. Des intrigues passionnantes, prenantes, pour ne pas dire touchantes, surtout lorsqu’il s’agir de Neha.
Une nouvelle fois Jonathan Hickman nous propose un world building incroyable, avec une narration très graphique et très textuelle comme à son habitude. Beaucoup trouvent que Hickman en fait trop, écrit trop, trop d’explications, mais ce sont là toutes ses qualités, il nous propose toujours quelque chose de profond, d’une richesse incroyable, avec une multitude de détails. On sent bien qu’il ne veut jamais nous laisser d’un univers sans fondation, sans explication.
Avec Decorum, cela marche une nouvelle fois, on se retrouve avec un univers incroyable, d’une ampleur que l’on a du mal à saisir tant il est riche et travaillé. Au fil des pages on découvre un peu son passé, mais également son futur, alors que l’on avance dans les deux intrigues. On se concentre aussi bien sur le destin d’un unique personnage, comme celui de tout un univers !
Une intrigue qui s’intéresse au côté émotionnel, centrée sur des personnages féminins alternants entre le ridicule et le charismatique, alternant avec une intrigue centrée sur une galaxie en pleine évolution, en pleine mutation mêlant la politique, ou plutôt le religieux à la SF.
Le seul défaut que je pourrais trouver à Decorum, c’est que je me dis que cela va être beaucoup trop court. J’espère de tout cœur que cela ne se finisse pas trop rapidement. Peut-être également, qu’il ne faut pas lire cela sans vraiment chercher à se concentrer dessus.
Bref, Decorum est une œuvre incroyable, une lecture cosmique fascinante. Deux intrigues, humaine et métaphysique, petite et gigantesque à la fois, pour un voyage qui éblouit tant par l’écriture que par les dessins. Oui, je suis fan de Jonathan Hickman, et une nouvelle fois il nous propose quelque chose d’unique et incroyable.