Alejandro Jodorowski est l'auteur de nombreux scénarios de qualité dans le monde des bulles. Sur des sujets fort variés (mystiques avec le Lama blanc ou Alef-Thau, S-F avec l'Incal ou la caste des méta-barons...), il nous régale d'histoires inhabituelles.
Dernièrement, c'est la Papauté au XVIème siècle qui semble l'inspirer. Il a scénarisé une série dédiée au Borgia et s’attelle ici à l'ascension de Della Rovere comme Pape.
Ce premier tome ne s'encombre pas de fioritures, c'est l'Eglise dans toute son ordure qui est dépeinte, à l'instar d'une chapelle dédiée au stupre et à la fornication. Grenouilles de bénitiers, passez votre chemin car le vicaire de Dieu n'est qu'un homme avide de pouvoir temporel plus que spirituel. Entre deux intrigues destinées à lui assurer la première place au Vatican, notre cardinal est exhibé dans des scènes de débauche qui pourront en choquer plus d'un(e). Celles-ci sont d'ailleurs montrées avec une complaisance un peu trop marquée. Je ne porte pas certes les tenants du pouvoir spirituel catholique dans mon cœur mais le propos politique passe souvent au second plan derrière les gâteries d'éphèbes à des vieillards décatis. Cliché supplémentaire, le serviteur à la peau d'ébène servira comme de bien entendu d'étalon lorsqu'il s'agira de mener l'assaut des fessiers du prélat. Cette religion-là ne sent guère que la fornication.
Fort heureusement, un dessin de qualité accompagne la narration. Les personnages possèdent des traits marqués (le pape ressemble d'ailleurs curieusement à Sean Connery) qui leur assure un visibilité parfaite. L'architecture, partie d'importance dans la cité papale, est parfaitement exécutée. Les couleurs sont agréables et le traitement de la lumière tout à fait réussi.
Ce titre assure donc le régal de l’œil à défaut de satisfaire complètement le plaisir historique.