Dernier Envol porte bien son nom, car ce cinquième tome est également le dernier de la série New52. Cependant, il souffre de deux choses : son format et son statut. Son statut car il s'agit d'offrir une conclusion à la série, une conclusion qui, à mon avis, n'avait été prévue qu'à la dernière minute. Son format deuxièmement, car ce tome ne contient pas moins de 5 histoires distinctes. Du coup, on navigue dans des univers graphiques très différents et des histoires qui n'ont guère de lien.
Lors de ma première lecture, j'avais été dégouté. Impatient de lire ce tome, je l'avais dévoré d'un coup et le résultat n'était pas à la hauteur de mon attente. Je ne tenais pas à refaire les mêmes erreurs et entre chaque arc, je me suis arrêté et ait fait une pause pour pouvoir lire chaque petite histoire l'esprit neuf.


Il y a donc, à l'intérieur du tome une grande diversité graphique, pourtant, souvent plaisante. Quelques erreurs, certes, mais globalement plutôt bon. De même, Kyles Higgins étant au scénario de 80% du tome, la cohérence reste présente.
On regrettera, cependant l'absence de sujets amenés par le passé, Maxwell Morgan, au hasard. L'inspecteur, ennemi des héros masqués qui étaient en réalité un ancien tueur de masque … Cela passe relativement à la trappe. On le voit un peu mais on oublie totalement la thématique de Chicago, « ville anti-masque ». C'est un gros regret de ma part.
Tony Zucco et sa fille Sonia ne sont ramenés que rapidement, loin de l'épilogue qu'on était en droit d'attendre. On a retrouvé, de plus, une forme de manichéisme loin de ce que Higgins nous avait habitué sur ce sujet.
Globalement, la quasi-totalité du quatrième tome est omis, les quelques sujets amenés n'ont pas été réexploité ici. Et on a pas non plus le sentiment d'aboutissement, de fin. Ce dernier tome n'offre aucune conclusion, au contraire, bien des pistes sont encore évoquées. Les numéros #29 et #30 offrent chacun, une tentative de conclure l'histoire. Le premier en faisant un résumé des numéros passés et en rappelant l'évolution de Dick. Le second, pour sa part, sert de transition avec la série Grayson. Plutôt faiblard qui plus est (la transition).
On regrette donc de ne pas avoir, dans Dernier Envol, une fin digne de ce nom et on a ce sentiment que Higgins fut prévenu un peu au dernier moment de l'annulation de sa série.


Si on reprend maintenant arcs par arcs.
Le premier n'est qu'en un seul numéro, le #25. Il s'agit du tie-in à Zero Year. Will Conrad et Cliff Richard sont au dessin dans un style plutôt réussi qui colle bien avec ce qu'on peut s'attendre de Nightwing. C'est clair sans être d'une beauté exagérée mais ça reste plaisant. Il s'agit d'un récit de Dick, adolescent, qui doit revenir d'une séance de cinéma alors que Gotham essuie une panne de courant générale.
Le numéro se déroule environ deux ans avant les débuts de Dick entant que Robin et pourtant graphiquement, on ne reconnaît pas le côté juvénile du personnage. On regrettera également d'avoir encore et toujours un récit sur les origines de Dick et l'époque où il était au Cirque. Ca reste plaisant, cela dit. Surtout que l'on retrouve, le temps de quelques cases, Raya et Raymond. Mais après le numéro de Secret Origins, le Zero Month, et les différents rappels qu'on en fait, on est habitué.
L'histoire en elle-même est agréable, sympa, courte et sans grand intérêt en même temps. On ne s'ennuie pas mais on a bien conscience que l'histoire n'a aucune forme d'intérêt réelle et reste superficielle. Ce n'est pas mauvais, mais on ne saurait sauver une lecture avec ça.


Le second arc est également un one-shot. On ne revient toujours pas au présent de Nightwing avec Nightwing Annual #2 puisqu'on est au moment où Dick déménage à Chicago. Il fait alors une mission en équipe avec Barbara Gordon, dont l'identité de Batgirl est désormais interdite en ville après le meurtre de James Gordon Jr. (oui, le petit frère psychotique de Barbara … Tout un programme).
Jason Masters et Daniel Sampere s'occupent du dessin tandis que la couleur est à Vicente Cifuentes. Disons le : échec total. Graphiquement, le titre est très faible, lisse dans le dessin et la couleur et bataillant pour arriver à convaincre le temps d'une case ou deux. Plutôt moche donc, surtout vis-à-vis de la couverture de Tony Daniel.
Pour l'histoire, à travers une enquête sur un tueur en série qui est amoureux d'une célèbre actrice, Dick et Barbara font un unième point sur leur relation. Bien entendu, c'est superficielle. Leur relation est simplifiée, résumée et on sait d'avance comment ça va finir. Tout cela est pleinement mécanique et le seul plaisir du numéro est de voir le premier rencard de Dick et Barbara sous les costumes de leurs alter-égo.


Russel Dauterm vient relever le niveau du dessin pour les numéros #26 et #27, représentant le troisième arc de ce tome. Il offre au passage le meilleur travail graphique de ce tome.
L'histoire est simple et, certes, n'offre pas ce qu'on devait attendre du retour à la normal. Car, en effet, on est (enfin) dans la suite du tome 4. Sauf que plutôt que suivre les sujets du tome 4, on est ici avec une nouvelle méchante, aperçue dans le tome précédent (comme Higgins adore le faire). On retrouve Mali l'Imitatrice, personnage aperçu précédemment. Répondant désormais au surnom de Marionnette, le personnage se met à voler un puissant antipsychotique. Evidemment, Nightwing s'en mêle mais très vite, il découvre qu'un célèbre bandit de Gotham est présent dans cette affaire : Le Chapelier Fou.
L'histoire manque certes d'intérêt global dans la continuité mais, cela dit, ça reste bien écrit et surtout le personnage de Mali est clairement un succès. Cette « Alice » énigmatique séduit le lecteur par sa personnalité et l'intrigue qui se développe avec un Nightwing uniquement spectateur. On sent d'ailleurs que Higgins était encore dans la continuité de son travail habituel : un personnage présenté rapidement dans un précédent arc, de retour ici en avant tandis que l'histoire du tueur aux masques devait revenir après.


Malheureusement, cette histoire ne revient pas et à la place on a un arc en deux numéros (#28 et #29) qui raconte une sorte de conclusion à la série. Russell Dauterman revient au dessin pour un style agréable mais résolument différent, rendant, encore une fois, la lecture d'une traite, beaucoup plus difficile.
L'histoire se concentre sur la volonté de Dick Grayson de faire un point sur sa vie et sur l'ensemble des aventures qu'il a vécu lors de ce run de Higgins. On a l'occasion de retrouver Szasz en méchant connu et Courbéchine en méchant, moins connu. Au passage Sonia est de retour histoire d'offrir une pseudo-conclusion pleine d'espoirs et de pardon. Et c'est à travers les yeux d'une orpheline que Dick revoit sa vie.
Sans être mauvaise, l'histoire ne brille pas non plus et le côté nostalgique du numéro #29 va même amener le lecteur à regretter de ne pas avoir vu certaines pistes plus développées comme on l'aurait aimé. Ce numéro d'adieu reste cependant pas trop mauvais bien qu'il sente le bidouillé à la va-vite.


A côté de ça, dernière histoire avec le #30 qui sert de transition vers la série Grayson.
Javier Garron, Jorgte Lucas et Mikel Janin sont au-dessin. Si la première partie sur Le Poing de Caïn n'est pas trop mauvais, le reste est graphiquement ignoble. Moche, moche, moche !
Le problème c'est que le scénario est pareil. Si la volonté de transition est bonne, la manière dont ça se passe est franchement ridicule. Bruce et Dick font un remake de Fight Club dans la Bat-cave, le tout en détruisant tout leur matériel parce que, c'est bien connu que lorsqu'ils se bagarrent ils détruisent aussi des bateaux, des motos, des aéroplanes et j'en passe des meilleurs.
Le côté « baston d'homme », au-delà d'être surfait, paraît injustifié. De plus, c'est quand même assez mal écrit et la conclusion est là aussi très mécanique.
Finalement, cette fin/transition échoue totalement puisque cela ne donne pas envie de continuer à suivre les aventures de Dick sous la plume de Tim Seeley et Tom King.


Globalement, nous avons donc 5 arcs, dont 3 ne tiennent qu'en un seul numéro, c'est dire. Ce tome est donc une suite de moments rapides et seulement 2 récits sur les 5 se déroulent dans la suite du tome 4. Les deux premiers arcs étant, pour leurs parts, des flash-back. Quant au dernier, il se déroule après, mais combien de temps après ? Bien malin est celui qui le sait. Et c'est cela que je regrette, c'est qu'on aurait pu exploiter un peu plus encore, la série Nightwing. On aurait pu conclure les récits réellement et non pas de manière superficielle comme ce fut le cas.
Au-delà des histoires, il s'agit aussi de noter un tome et celui-ci souffre clairement de son format et de son statu.
De plus, si je devais noter chaque histoire ça serait :


25 => 5/10


Annual #2 => 4/10


26-27 => 7/10


28-29 => 5/10


30 => 2/10


Si on fait le total sur le nombre de numéro, on tombe à 5/10 pour l'ensemble… Je ne l'avais pas prévu mais ça reste relativement cohérent. Les histoires ne sont pas mauvaises à fond, mais restent quand même souvent moyenne et le tome, sans être détestable, offre quelque chose de trop bas par rapport aux attentes qu'on pouvait légitimement placer en lui.

mavhoc
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le 4 juil. 2015

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