Ce tant attendu 7ème tome du Grand Mort n'aboutit donc toujours pas sur la percée scénaristique tant espérée depuis au moins deux chapitres mais continue de nous faire voyager dans les méandres d'un début de monde post-apocalyptique criant de vérité.
En cela, on peut regretter que cet aspect dystopique prenne le pas sur l'histoire en elle-même, mais Régis Loisel semble bien décidé à installer l'atmosphère propre d'un monde en déclin en mettant l'humain et son désespoir au centre des débats. Ici, on ne peut que réfléchir et se laisser happer par une atmosphère aux frontières du survival parfaitement retranscrite, faisant ressortir la noirceur mais aussi la bonté de certains protagonistes. On peut trouver, par exemple, le passage sur le jeune enfant anglais abandonné de trop, mais cela ajoute une touche d'espoir au milieu de toute cette tragédie ambiante parfaitement représentée entre autres par les pilleurs de plage. Puis reste ce personnage de Jacques, ambivalent comme on aime, et qui pourrait (qui sait ?) révéler d'autres surprises par la suite...
Pour le reste, les dessins de Vincent Mallié sont une nouvelle fois parfaits et illustrent toujours aussi bien les deux mondes. Visuellement, on dévore à nouveau ce tome avec grand plaisir, entre planches contemplatives et glauques, balançant entre naturalisme et (plus que jamais) cette violence savamment distillée au fil des pages... On en vient alors, il est vrai, à oublier l'histoire de base, seule la fin permet de s'y replonger vraiment grâce à un potentiel twist qui semble relancer le scénario.
Le tome 8 devrait donc bien faire avancer les choses, de nouveaux enjeux étant posés pour Pauline et Gaëlle, il ne reste plus qu'à espérer que ça bouge un peu plus du côté d'Erwan et Blanche ou que le petit Sombre nous montre son potentiel. Quant à la guerre des clans dans l'autre monde, cela reste à voir, pas l'aspect le plus intéressant pour l'instant...