Pour ce cinquième album (1990) des aventures de Luc Leroi, (qui enchaine les bévues et devient facilement bougon, mais dont le visage s’éclaire dès qu’une jolie fille s’intéresse à lui), nous retrouvons une aventure en couleurs qui débute et finit à Paris dans une ambiance typique qui permet de retrouver le personnage de Gilbert qui n’apparaissait pas dans Le Nain Jaune, précédent album de la série.


L’épilogue du Nain Jaune était une belle perche vers l’univers du cinéma. Jean-Claude Denis n’a pas résisté à la tentation, comment le lui reprocher ? Cette fois, l’essentiel de l’album se situe dans le sud de la France. Le ton propre à l’univers très parisien de Luc Leroi évolue. La volonté du dessinateur de se renouveler n’est pas une réussite absolue, mais ce n’est pas du tout une catastrophe non plus, c’est juste un peu moins bien que dans les deux albums précédents. Peut-être aussi parce que, en envoyant Luc Leroi dans le sud, les ambiances plus lumineuses conviennent un peu moins à ce que l’auteur réussit le mieux (les ambiances nocturnes). Sinon, il tient une nouvelle fois très bien la route sur un scénario à multiples rebondissements de pas moins de 61 planches en couleurs.


Une fois de plus, Luc Leroi n’arrive pas à refuser une proposition alléchante tenue par une charmante jeune femme qui lui dit qu’il a tout d’un Raoul !... La proposition ? Un rôle pour l’écran ! Le voilà avec un scénario à lire, puis, rapidement, un contrat à signer. Luc est reçu à l’Oustalet où il fait connaissance avec l’équipe, même si le réalisateur tarde un peu à se montrer pour préciser la nature de son projet et le rôle dévolu au parisien.


A l’Oustalet, dans une superbe propriété où gambadent les écureuils et où quelques jolies filles paressent au soleil (des voisinent viennent même se dorer au bord de la piscine), Luc fait quelques gentilles répétitions quand les incidents commencent à se multiplier. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marylène. Attention pas Marilyn, car la jeune femme en question est brune aux cheveux ondulés, quelques kilos en trop et surtout très émotive avec une petite tendance paranoïaque.


Le scénario montre un Luc Leroi qui se verrait bien en vedette de cinéma (valorisation de son ego), la suite le voyant progressivement déchanter. Bref, ici encore, tout finit par se retourner contre ses envies profondes, jusque ce chat qu’il va finalement ramener de l’Oustalet. Mais Luc Leroi est incorrigible, puisque les dernières cases le montrent prêt pour une nouvelle aventure avec une charmante blonde de ses voisines.


En ce qui concerne son personnage, Jean-Claude Denis le tient bien. Luc Leroi enchaine les situations délicates dans lesquelles il s’engage à cause de son envie de tirer parti des circonstances, toujours à l’affut de la moindre ouverture auprès d’une charmante jeune femme. Autant dire que celles-ci sentent bien le pouvoir qu’elles exercent sur lui. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, puisque Luc Leroi ne s’installe jamais avec aucune, ce n’est pas comme si elles ne lui tombaient jamais dans les bras !


Le scénario ménage de nombreux rebondissements et Jean-Claude Denis maintient le suspense à son gré, même si on sent un peu venir certains points. Le format est le même qu’à l’album précédent, avec toujours des planches de 4 bandes à 3 cases en moyenne, mais un peu plus de liberté pour des cases un peu plus grandes. Si Marylène affiche une réelle tendance paranoïaque, Luc Leroi n’a pas grand-chose à lui envier sur ce plan et c’est parfois un peu gros. Enfin, si le scénario tient la route, le meilleur à mon avis revient malgré tout à l’ambiance parisienne (13 – 2 planches au début et les 6 de l’épilogue), l’irruption du personnage de Gilbert étant à chaque fois irrésistible.


Sinon, l’ambiance sur le tournage s’intègre plutôt bien au scénario et on s’amuse bien de comprendre comment et pourquoi le projet tourné à l’Oustalet a vu le jour. Et, comme il n’y a pas de fumée sans feu, quelques étincelles vont provoquer de réels dégâts (on ne joue pas impunément avec le feu) et quelques poils vont roussir. Une justification naturelle, qui colle bien avec son ego, pour que Luc Leroi dénigre à peu près tout ce qui l’entoure (ce à quoi on s'habitue très bien).

Electron
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le 15 mai 2017

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