Certes, aux premiers abords, les problématiques semblent être du déjà vu, une dystopie post-apocalyptique comme on en voit souvent. Pourtant Suiciders apporte une analyse très bien ficelée de ces sujets très complexes à développer dans un univers pour le moment un peu restreint.


Parlons de cette intrigue. Se projeter dans une société aussi inégalitaire que celle de Suiciders est chose difficile. Pourtant, l’opposition entre la richesse et les privilèges capturés par une élite et la pauvreté de la majorité, tout cela dans un Los Angeles ravagé par un tremblement de terre, est très réussi, car Lee Bermejo démarque bien ces deux univers diamétralement opposés, et n’apporte aucune confusions. L’intrigue autour de qui tire les ficelles et la psychologie du Saint, le personnage principal, est très profonde, puisqu’elle regroupe à la foi la recherche d’une identité perdue et le rôle qu’on lui impose dans la société, rôle dont il est dégouté et qu’il ne veut plus assumer.
Cet esprit de rébellion transforme le Saint au cours de l’histoire, car il apparaissait relativement antipathique dès les premières pages pour ensuite devenir un véritable mystère. Ce retournement est l’un des points forts de ce tome 1. Car les deux histoires développées en parallèle, entre le Saint et la société de privilèges d’une part et l’autre personnage (qui reste une énigme) et la pauvreté d’autre part, permettent d’englober de très nombreux sujets, car tous les maux de la société y sont présents : corruption, inégalités, quête d’identité, exode des plus pauvres (passeurs) etc…


Les combats de gladiateurs, véritable attraction de ce New Angeles détruit, doit être interprété au-delà de simples combats à mort, car tous les détails qui les entourent les rendent symboliques aux yeux des deux blocs de la société. Des mafias recrutant des combattants pour se faire de l’argent, la mystérieuse organisation derrière les combats « pros »... De plus, le réalisme des combats donnent de très belles planches sur lesquelles on peut rester quelques minutes pour regarder tous les détails.


Ce qui est excellent, c’est que énormément de détails restent dans l’ombre, et que l’on peut s’imaginer plein de scénarios possibles. La véritable identité des protagonistes, le « pourquoi » et le « comment » sont-ils arrivés là, sont encore dans l’ombre et c’est tout ce qui est excitant dans ce premier tome. Avec assez de recul et une seconde lecture, on se rend vraiment compte que Lee Bermejo n’aborde pas ces sujets d’une façon classique ou facile, mais très profonde et détaillée.
Evidemment, ce tome 1 est une mine de questions et de problématiques autour de sujets très complexes. Le fait d’avoir transformé ces sujets de cette façon est pour moi source de grande satisfaction, et mon esprit a beaucoup fonctionné, au contraire de certaines autres séries un peu simplistes.


Cpt Grayson

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le 12 avr. 2017

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