Warren Ellis poursuit sa grande fresque sur le thème de l'invasion extraterrestre. Si les partis-pris narratifs et graphiques s'avèrent toujours aussi convaincants, de même que le concept qui préside à cette aventure, le rythme souffre hélas d'une dilution regrettable.
Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com
Nous avions été immédiatement conquis par le premier volume de Trees qui s’emparait d’une manière totalement originale du très classique motif de l’invasion extraterrestre. Rappelons-en l’idée : voilà dix ans que partout sur Terre se posèrent d’immense arbres, occupés par une présence étrangère aussi silencieuse qu’invisible. Après le chaos engendré par cette arrivée, la vie avait repris, dans l’ombre de ces masses, pour les populations concernées. Mais aux abords de l’un de ces arbres, une activité nouvelle s’était manifestée provoquant une immense catastrophe.
Nous en étions là et ce qui nous avait séduit tenait tout autant à l’atmosphère ménagée qu’à la dimension chorale du récit, passant d’une zone géographique à une autre et mettant en scène un personnel aussi riche que divers. Malheureusement, le tome 2 ne parvient pas à maintenir un aussi haut degré d’intérêt et se perd en route, l’action n’avançant pas ou presque, se contentant de développements plus convenus et somme toute un peu anecdotiques.
Ainsi, de la demi-douzaine d’intrigues présentées au tome 1, il n’en subsiste que deux dans ce volume. On se contentera d’une planche pour la Sicile, de deux pour la Chine, quand la Somalie est tout bonnement oubliée. L’action se concentre sur les suites de l’accident de Blindhail, intrigue qui rebondit en Écosse de manière plutôt intéressante, et surtout sur New-York et sa guerre des gangs. C’est bien là que le bât blesse : ni le lieu ni l’action ne brillent par leur originalité sur ce versant du récit global et pourtant celui-ci occupe l’essentiel de notre tome.
Espérons donc que le prochain volume investira à nouveau les autres intrigues et osera enfin entrer dans le cœur de son sujet, c’est-à-dire ces fameux arbres venus de l’espace. On comprend bien l’intérêt de les ménager en tant que présence planant sur les personnages et les événements puisqu’ils jouent ainsi le rôle de révélateurs de l’humanité. Mais il faudra bien aussi, à un moment donné, que le récit dépasse la seule dimension métaphorique pour donner corps et chair à cette réalité nouvelle.