Quand l’enfance se découvre en rigolant (et en rougissant un peu)

Avec Dieu, le sexe et les bretelles (1992), Zep nous invite à explorer les méandres de l’enfance à travers les yeux (et les cheveux en pétard) de Titeuf, un gamin curieux, maladroit, et un poil insolent. Ce premier tome jette les bases d’un univers à la fois drôle et parfois dérangeant, où l’innocence se heurte aux grandes questions existentielles… et aux mystères de la puberté.


L’humour est au cœur de cet album, et Zep excelle dans l’art de capturer les réflexions absurdes et les maladresses enfantines. Que ce soit les tentatives de comprendre "le sexe" à travers des conversations mal interprétées ou les réflexions hilarantes sur l’injustice des adultes, Titeuf est un miroir déformant de nos propres souvenirs d’enfance. Mais attention : certains gags, bien que souvent justes, flirtent parfois avec un humour un peu lourdingue, surtout pour les lecteurs adultes qui ont dépassé l’âge des questions naïves.


Les personnages secondaires, de Manu le copain un peu débile au charismatique Hugo, ajoutent une touche de diversité et permettent de varier les situations comiques. Mais on sent que ce premier tome est encore en phase de rodage : les personnages ne sont pas tous aussi développés qu’ils le seront dans les albums suivants, et certaines blagues semblent insérées juste pour le choc ou la provocation.


Graphiquement, Zep opte pour un style simple mais expressif, parfaitement adapté à l’univers de Titeuf. Les visages caricaturaux et les postures exagérées renforcent l’aspect comique, mais le minimalisme des décors trahit parfois le côté encore balbutiant de la série. Néanmoins, les expressions des personnages sont un régal, chaque sourire, grimace ou roulement d’yeux apportant une vraie énergie à chaque planche.


Le ton de l’album, bien qu’humoristique, aborde des sujets qui peuvent surprendre : la religion, la découverte de la sexualité, et le fossé générationnel. Si certains parents pourraient lever un sourcil face à certains thèmes, il faut reconnaître que Zep traite ces questions avec une légèreté qui désamorce le malaise. Mais cette légèreté peut aussi donner l’impression que les thématiques sont survolées, sans véritable réflexion ou message au-delà du gag.


En résumé, Dieu, le sexe et les bretelles est une entrée en matière amusante, mais pas encore totalement aboutie, dans l’univers de Titeuf. Zep montre déjà son talent pour capturer l’absurde et le naïf de l’enfance, mais ce premier tome reste une mise en bouche, parfois maladroite, avant les albums plus mûrs et mieux construits qui suivront. Une lecture sympathique, qui plaira surtout aux nostalgiques de cette période où tout était un grand point d’interrogation... avec des bretelles en prime.

CinephageAiguise
6

Créée

il y a 8 jours

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