Daniel Warren Johnson est un auteur un peu à part dans le monde des comics mainstream : il dessine et scénarise, mais aussi, et c'est plutôt rare aux États-Unis, s’allie régulièrement avec le même coloriste, Mike Spicer. Mais sa singularité tient aussi dans son coup de crayon : impressionnant et marqué par des influences du cinéma d’action et du manga. Ça donne un trait vivant, nerveux et dynamique, quelque chose d'immédiatement reconnaissable. Et puis, il a cette manière particulière de représenter la violence. C’est sûr qu’elle est souvent présente dans les comics, mais chez lui, elle atteint un autre niveau, d’autant plus marquante qu’elle s’accompagne d’une vraie charge émotionnelle portée par ses personnages.
Bon, ça paraît clair, je trouve ses dessins juste incroyables. Et ce qui était déjà frappant dans Extremity l'est d'autant plus dans Do A Powerbomb!, avec une nouvelle dimension apportée par des jeux de perspective et de profondeur qui renforcent l’immersion.
Si on s'intéresse au récit en lui-même, ce n'est pas le genre à se laisser pitcher. Le mieux, c’est de se laisser surprendre et plonger sans a priori, surtout quand on sait que l'histoire est un hommage au catch américano-japonais. Il ne faut donc surtout pas s’arrêter à ça (sauf si on est fan, bien sûr !) et se laisser porter par l'intrigue.
C'est marrant, quand j'ai commencé à "plonger dedans", je me suis demandé quels étaient les mécanismes, les déclencheurs qui font qu’on accroche à une œuvre. Ce n’est jamais une seule chose, mais plutôt une combinaison d’éléments, qui varient d’une œuvre à l’autre. Parfois, c’est chose évidente et, pour d’autres, c’est un schéma plus complexe. Mais il y a toujours ce moment où on bascule, où on sait qu’on est à fond dedans. Qu’est-ce qui fait qu’on aime ? Qu’est-ce qui fait qu’on aime moins ? Ce sont ces déclencheurs, ces constructions, qui rendent l’analyse intéressante, pendant la lecture, et après, bien sûr.
Eh bien, je vais tâcher d'y répondre pour Do A Powerbomb! Ce qui m’a vraiment fait accrocher, c’est tout simple : une combinaison entre la proposition graphique, le scénario, le monde dans lequel l’histoire s’imbrique et la dimension émotive portée par les personnages principaux, Lona et Cobrasun (que j’appelais toujours Caprisun, le pauvre). Et bien sûr, il y a aussi l'ordre et le séquençage dans lequel tout cela arrive, un certain rythme qui fait que les choses s'imbriquent et qu'on est là, devant son livre ou sa BD, à se dire "ha ouais, le kiff quand même !" Finalement, il en faut assez peu 😅
Quant à ce qui m'empêche de mettre une note plus élevée ou d'en faire un coup de cœur, eh bien, je préfère ne pas m'attarder dessus. C'est vraiment le genre d'œuvre pour laquelle je n'ai pas envie de prendre le risque d'influer négativement sur qui que ce soit. Juste, et rien à voir avec mon ressenti, dommage que l'édition française n'ait pas gardé la couv' originale, elle est magnifique.
Bon, sinon, il a gagné un petit Eisner pour ce comics, l'ami Daniel, dans la catégorie Best Publication for Teens (ages 13-17). Un peu bizarre que ce soit dans cette catégorie, mais tout de même, chapeau !
Prochaine lecture de DWJ : Wonder Woman: Dead Earth, j'ai hâte !