Daniel Warren Johnson l’a encore fait : à mi-chemin entre passion et thèmes fétiches, Do a Powerbomb! ne déroge pas au schéma savoureux de l’auteur qui, non content de ne pas succomber à la redite, continue d’épater tout en affermissant sa signature. Une griffe reconnaissable entre toutes, de son écrin virevoltant au récit nous happant d’un bout à l’autre, avec ce qu’il faut de jugeotte et de nuance pour dépasser (ou plutôt transcender) son décorum délirant.
Car Do a Powerbomb! est à sa manière à l’image du catch : théâtral, outrancier et définitivement fédérateur. Comme à l’accoutumée, l’auteur ne manque pas l’occasion d’y apposer un vernis surnaturel bienvenu, celui-ci démultipliant le panache de l’œuvre et exacerbant ses ficelles dramatiques, elles qui composent son véritable cœur : elles témoignent d’ailleurs de toute l’habileté qui caractérise son écriture, les briques de ce tableau ô combien tragique s’agglomérant avec intelligence et doigté.
La bastonnade, nichée au sein d’un décor fantastique, n’en est alors que plus viscérale : avec le concours si précieux de Mike Spicer aux couleurs, Warren Johnson nous en colle plein les mirettes sans jamais déroger à ses axes directeurs, filiation et deuil rythmant un récit décidément malin. Malgré sa simplicité, son déroulé n’est pas pour autant prévisible avec son lots de rebondissements dignes du catch, dont l’auteur s’amuse à tirailler la vraisemblance dans une réflexion quasi méta, complétant ainsi Do a Powerbomb! d’une verve comique efficace.
Dès lors, nous serions bien en peine de nous offusquer quant à sa dernière ligne droite, laquelle va pousser jusqu’au maximum les curseurs du « trop » : une ultime scène et son duel titanesque brisant pour de bon les frontières de la parcimonie, mais dont la finalité douce-amère va une dernière fois mettre en exergue la vista scénaristique de Do a Powerbomb!. Un indispensable parmi la collection de Daniel Warren Johnson en somme… et au-delà.