Enfants soldats
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le 22 avr. 2018
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Dans la prometteuse lignée de leurs précédentes collaborations pour Doggy Bags, Jérémie Gasparutto et Francesco Giugiaro livrent ici un excellent one-shot, dense autant qu'intense, fond de fantastique mesuré sur sordide contemporain,
enrôlés malgré eux dans des conflits enragés et fratricides, aux fonds d'abîmes desquels ils ne s'extirpent plus jamais.
Un enfant court. Fuit un immense alligator, démesuré, monstrueux, à travers la jungle africaine. Il ne s'extirpe de ce cauchemar que pour nous raconter son sombre destin d'enfant soldat, recruté par une milice génocidaire nourrie de drogue et de mysticisme bestial. L'enfant n'a d'autre instinct que de se protéger, se soumet. Assassine, brûle les corps, traîne ses trophées, tel cet ours en peluche qui lui vaut son surnom de Teddy Bear. Drogué, désorienté,
Pourtant, la nuit venue, sa conscience implore, menace, tremble et gronde sa bile, ses relents d'infamies.
Bientôt l'ourson parle. Cherche à l'éloigner. À l'enfuir afin de lui épargner cette existence d'angoisses.
Bientôt l'enfant fuit.
Il ne pourra jamais s'absoudre des culpabilités qui le hantent et le rongent.
Retrouver le dessin nerveux de Jérémie Gasparutto, les traits fins, vifs et cassants d'un style si particulier, est un plaisir confortable, familier. Les couleurs ne rayonnent jamais, il y a comme
illustrées en teintes sombres. Aucune échappatoire, les nuits sont denses, les rouges sont éteints où le sang semble sec, les frissons parcourent le poids des luminosités sans éclat.
Le format en one shot dense n'empêche pas les pages de fausses pubs et de vraies informations disséminées, le recul graphique et l'enrichissement géopolitique : on y apprend les dessous des manipulations que ces gourous de guerres appliquent à leurs proies, formation en mysticisme sous drogues, exactions répétées jusqu'à l'intégration aveugle, jusqu'à la déshumanisation. Puis la réhabilitation, impossible.
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Créée
le 2 juil. 2018
Critique lue 241 fois
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