En me lançant dans ce premier tome de Doom Patrol, je ne sais absolument pas sur quoi je vais tomber. Je suis clairement dans une lecture où je plonge dans l’inconnu. La seule certitude que j’ai, c’est l’assurance de passé un excellent moment puisque c’est Grant Morrison au scénario ! Et puis cette couverture est plutôt prometteuse, on sent tout de suite que l’on va être embarqué dans quelque chose d’assez original, pour ne pas dire décalé. Du Grant Morrison en somme.


Constituée de héros traumatisés par des événements brutaux, l’équipe de la Doom Patrol a été rassemblée par le Chef Niles Caulder afin de permettre à ses membres de se réinsérer dans la société. Mais après un incident tragique, le groupe se retrouve décimé, et l’intégration de nouveaux venus comme Crazy Jane ou Rebis va entraîner la Doom Patrol dans des aventures encore plus surréalistes.
Doom Patrol ou la relecture étrange, autant drôle qu’horrifique de l’équipe de super-héros la plus bizarre de l’histoire du comic book américain. Aux commandes de cette œuvre culte qui repousse les limites du genre, le scénariste Grant Morrison (Multiversity) accompagné au dessin par Richard Case (Doctor Strange : Sorcerer Supreme), laisse exploser tout son talent de conteur en multipliant les formes de récits et en jonglant entre les différents points de vue de personnages plus inoubliables les uns que les autres.
(Contient les épisodes Doom Patrol #19 à 34 et Secret Origins Annual #1)


Habituellement je trouve cela répétitif et barbant, mais le premier épisode, le Secret Origins Annual #1 est un épisode que j’ai particulièrement apprécié. En effet, alors que Cliff Steele, une sorte de robot taille humaine, se rend dans l’ancien QG de la Doom Patrol, il est interrogé par une sorte d’ordinateur de bord. L’occasion pour les petits nouveaux comme moi, de découvrir, de façon rapide et concise, le passé des membres de la plusieurs Doom Patrol, les grandes lignes de l’équipe jusqu’à leur tragique disparition.


Certes, un épisode ne résume pas tout une série, mais au moins elle permet de plonger un peu dans le bain et de ne pas être complètement paumé au début du premier épisode. Il faut dire, également, que démarrer avec une sorte de relaunch, c’est plutôt cool pour se lancer.


Robotman a bien du mal avec le fait d’être le dernier survivant de la Doom Patrol. Cela le relance sur une dépression sur son état de robot. C’est une période difficile pour lui. Mais une rencontre va le faire rebondir. Dans le même hôpital que lui, où il réside actuellement, il va faire la rencontre d’une autre patiente, paraissant complètement dérangée, Crazy Jane !


Une femme tout de noir vêtue, aux multiples personnalités, toutes plus loufoques les unes que les autres. Lorsqu’une personnalité prend le contrôle, à la place de Jane, celle-ci apporte son savoir, ses capacités. C’est assez déconcertant.


Une version 2.0 de l’Homme Négatif et le retour du Chef, et voilà une nouvelle version de la Doom Patrol. Si Robotman n’avait pas spécialement l’envie de rempiler, et que Crazy Jane n’est pas la personne la plus rassurante qui soit, c’est par la force des choses que l’équipe se reforme. En effet, l’hôpital, et la ville, sont attaqués par des sortes de formes humanoïdes sans visage avec des ciseaux géants en guise de bras !


D’emblée, d’entrée, Grant Morrison nous montre clairement que le titre va être complètement fou ! Des hommes-ciseaux qui volent la forme des gens pour les envoyer dans un monde littéraire, l’envie de mariage saugrenue d’un homme avec une femme à moitié morte dans son monde sans dessus dessous, les pires cauchemars les plus loufoques et malsains d’une jeune fille qui prennent vie, un homme en forme de point d’interrogation qui utilise un tableau bizarre pour y enfermer tout Paris, bâtiments comme habitants. N’oublions pas les menaces magiques, ou encore le retour du Cerveau et de Monsieur Mallah.


Grant Morrison se lâche complètement ! On part dans tous les sens ! Le génial écossais n’a aucune limite si ce n’est les frontières de son imagination, autant dire qu’il n’en a pas. Les pauvres membres de la Doom Patrol n’ont pas une seconde de répit, et heureusement ! S’ils se posaient deux secondes pour réfléchir à ce qu’ils vivent, ils deviendraient complètement fous.


Ce qui est bien, ce qui est fantastique avec un scénariste comme Grant Morrison, c’est qu’en très peu de temps, avec seulement quelques éléments il parvient, à chaque fois, à nous emporter avec lui, dans son histoire. C’est barge, c’est fou, c’est tordu, c’est parfois malsain, mais c’est juste passionnant, unique ! Morrison est un génie, il nous propose des choses complètement dingues mais qui se tiennent, qui paraissent crédibles dans leur folie.


Je ne connaissais pas cette équipe, cet univers, et j’ai été complètement embarqué. Après je suis complètement addict à ce que fait Grant Morrison. Il faudrait que je lise d’autres épisodes, d’autres scénaristes, pour voir si la hype est la même. Mais là, avec ce tome, je suis vraiment ravi de m’être lancé là-dedans. Il ne manque plus qu’un petit fil rouge et ce serait parfait.


Graphiquement, je découvre Richard Case. Honte à moi. C’est très artistique, pas forcément d’une richesse incroyable en termes de détails. Mais pour ce qui est du rendu de l’imaginaire de Grant Morrison, de l’immersion dans cet univers fantastique, il n’y avait sans doute pas de meilleurs choix !


Bref, une bien belle découverte. Une formidable découverte ! Beaucoup de gens ne sont pas réceptif à Grant Morrison. Personnellement, je suis accroc. Un univers fantastique et absurde pour des intrigues originales et prenantes, palpitantes.

Romain_Bouvet
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le 6 nov. 2020

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