Critique du volume 1 à 19
Critique du volume 1 à 19
Au premier abord, « Dorohedoro » est un manga qui n’attire pas l’oeil, de par ses couvertures particulières et ses dessins qui peuvent paraîtrent brouillons. Mais se serait juger trop vite !
Caïman est un homme amnésique avec une tête de reptile. Son seul souvenir est d’avoir été transformé par un mage. Il traquera et partira à la recherche de celui-ci, et de son passé, avec l’aide son amie Nikaïdo.
La particularité de « Dorohedoro » est son univers. Le récit nous happe dans un monde cyberpunk, où la violence est normale et sans tabous. Ce dernier, vaste et scindé en deux, comporte des règles toutes plus étranges les unes que les autres. Le premier monde est celui des humains, incluant les exclus et les criminels qui servent régulièrement de cobaye aux mages : hommes qui possèdent des pouvoirs. Le second monde abrite les mages, hierarchisés par la puissance de leur magie, et pouvant passer d’un monde à l’autre. Sans oublier les diables qui font ce qu’ils leur plaisent ! Chaque personnage est habillé de façon contemporaine et est charismatique. L’histoire de départ avec Caïman n’est qu’une introduction dans un univers étonnamment logique et cohérent. L’auteure nous entraine dans un mode mystérieux, gore, sombre et particulièrement fascinant. Les révélations sont maîtrisées, parfaitement distillées au fur et à mesure de l’histoire. Chaque personnage et lieu sont exploités, rien n’est laissé au hasard. Une autre particularité de l’oeuvre, l’humour noir omniprésent. Presque chaque chapitre fini par une punch line, et chaque volume par une histoire qui explique un point de l’univers, de façon drôle et grotesque. Un vrai bonheur.
Le dessin, très chargé, renforce ce côté noir, parfois brouillon, parfois sublime. L’esthétique de l’oeuvre est atypique, les masques des mages et personnages de l’univers se reconnaissent au premier coup d’oeil. Les scènes de violences, les corps découpés, sont détaillés et ne sont pas gratuits.
Côté édition, le manga a commencé chez « Végétal » puis est repris chez « Soleil Manga ». Elle intègre des pages couleurs en grand format. Le matériel d’origine des deux premiers volumes de « Végétal » est insuffisant et les dessins ressortent flous. « Soleil » travaillera rapidement avec un meilleur matériel qui met en valeur le dessin. Toutefois, l’impression comporte de nombreuses pages grises pâles. « Dorohedoro » mérite largement une version deluxe. Concernant la réédition de « Soleil » (Juin 2014), les pages couleurs ont été imprimées en noir et blanc, et un logo « seinen » est présent sur le dos/tranche de la couverture.
Parfaitement maitrisée et ayant une esthétique sublime, « Dorohedoro » est une oeuvre mature. Elle n’est pas à mettre entre toutes les mains par sa violence ou quelques scènes de nudité. Ce manga est intelligemment scénarisé et cela se ressent dans la lecture. Ne passez pas à coté de ce titre qui se doit d’être dans votre collection.
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