Dragon Ball
8.1
Dragon Ball

Manga de Akira Toriyama (1984)

Le célèbre manga que même ta mère connaît !

Après 5 années et 18 volumes de délires en tous genres avec son Dr. Slump, Toriyama décide de changer de registre et de se lancer dans un manga d'aventures, en adaptant à sa sauce le mythe de Sun Wukong : ainsi naquit un nouveau mythe : Dragon Ball.


De ce personnage légendaire, Toriyama ne gardera cependant réellement que deux choses (et heureusement, sinon le scénar' aurait été un bien beau bordel) : un héros affublé d'une queue de singe, et son arme atypique, le Nyoï Bo, un bâton capable de s'allonger. Oh, et bien sûr le nom, Son Goku étant la transcription japonaise de Sun Wukong.


Contrairement à son modèle, Son Goku est un héros sympathique, naïf, et surtout n'est pas immortel, bien qu'étant d'une constitution étonnament robuste : lors de sa première rencontre avec Bulma, il survit à une collision avec une voiture, puis à une balle tirée à bout portant !! C'est cependant cette première rencontre qui donnera un sens à son existence, Goku acceptant de l'accompagner dans sa quête des dragon ball, des artefacts magiques capables de réaliser n'importe quel vœu… L'occasion de découvrir le monde et ses richesses, la technologie, la sociabilité, l'amitié, le dépassement de soi, mais aussi l'avidité et la félonie de personnes mal intentionnées…


Fort logiquement, les dragon ball sont également la cible de personnages mauvais, notamment le Ruban Rouge, sorte de milice privée lorgnant vers le syndicat du crime, qui sera source de nombreuses oppositions dans les premiers tomes. Mais l'humour, les quiproquos, les situations absurdes et les ennemis teubés distillés tout au long du manga (du moins, jusqu'au virage Z) atténuent sensiblement le propos, maintenant Dragon Ball dans un perpétuel équilibre savamment dosé. Pour preuve, on considère très largement la suite de l'aventure comme plus violente alors que, si on fait les comptes à la fin du 42ème et ultime tome, Goku a dézingué bien plus d'ennemis quand il était enfant…


Mention spéciale à Yamucha, qui ne tuera absolument personne de tout le manga.


Si on peut reprocher un truc à Dragon Ball, c'est qu'il reste trop ancré dans son schéma narratif, qu'il répète en boucle et ne quittera jamais, même lorsqu'il prendra ce fameux virage plus sérieux après l'affrontement Goku/Piccolo. Toriyama répète à chaque "arc" le même processus :



  • rencontre et entraînement auprès d'un maître (Mutenroshi, Karin, Dieu, Kaïo…)

  • championnat ou assimilé, histoire de tester les progrès réalisés (budokai tenkaichi, défi de Mamie Voyante, Cell game…)

  • apparition d'un ennemi puissant, généralement accompagné de son armée (Ruban Rouge, Piccolo Sr., Frieza, Babidi…).


Mais comme dit plus haut, le voyage et la diversité des rencontres font qu'il est difficile de décrocher une fois happé par l'histoire, simple mais prenante. Il n'est d'ailleurs pas rare de lire plusieurs tomes à la suite…


Puis tout à coup, comme ça, sans préavis, Dragon Ball change du tout au tout, en plein milieu de l'aventure. L'histoire devient plus sombre, l'humour s'éteint progressivement, et le côté action mâtiné de dramaturgie prend le relais. L'Univers remplace la Terre en tant que terrain de jeu à la hauteur des nouveaux enjeux, on modifie la génèse de l'histoire (bye bye Sun Wukong, faîtes place à la race extraterrestre des Saiyens), et on assiste désormais à une véritable course à la puissance comme fil directeur du manga…


À la décharge de Toriyama, cette tournure des évènements aurait dû ne constituer que la toute fin de l'histoire, Goku atteignant la puissance ultime (le légendaire Super Saiyen) pour se débarrasser de l'être maléfique le plus fort de l'Univers. Mais le succès de la version animée incita l'éditeur à continuer l'histoire… Deux fois.


Tout n'est cependant pas à jeter dans cette nouvelle orientation. Dans l'arc Cell par exemple, les antagonistes sont assez difficiles à cerner, que ce soient Cell ou les cyborgs, leurs motivations différant grandement du tyrannique Frieza et ses objectifs d'asservir toute population. L'histoire de Trunks est également traitée avec intelligence, malgré le sujet très casse-gueule du voyage temporel et des timelines parallèles.


À propos de voyage temporel, faisons un bref aparté sur la pseudo-incohérence due à l'absence de Babidi et Boo dans le monde de Mirai Trunks. Si Dragon Ball est truffé de petites incohérences, il n'y a ici AUCUNE forme d'incohérence. En remontant le temps, Trunks crée instantanément une nouvelle timeline, qui diffère totalement de la première à partir de ce point d'origine. Il a pu arriver n'importe quoi ayant poussé Babidi à venir plus tard sur Terre, voire même pas du tout (peut-être même n'a-t-il jamais pris connaissance de la création de son père).


Ou alors, il s'est pointé en catimini et a rapidement pris la décision de faire éclore le cocon de Boo ailleurs, sachant que les cyborgs avaient déjà annihilé la majorité de l'Humanité…


L'arc Boo justement, souvent le moins apprécié car moins maîtrisé, contient également son lot de bonnes idées. Si la tentative de renouer avec l'absurde des débuts tombe souvent à plat, notamment les scènes avec Gotrunks, deux personnages en particuliers retiennent l'attention, dont les destins seront étroitement liés : le redoutable Boo et le "terrible" Mr. Satan. Le premier est très captivant dans son évolution à partir du moment où il gagne sa liberté, tandis qu'on s'attache vite au second, qui redouble d'inventivité pour simplement rester en vie… C'est d'ailleurs en très grande partie grâce à lui que tout se termine bien, même s'il est l'un des principaux éléments déclencheurs… Je vous invite d'ailleurs très fortement à fouiner sur le net pour en apprendre plus sur la jeunesse de ce sympathique personnage…


Si je devais exprimer un regret sur Dragon Ball, c'est sur l'incapacité de son auteur à faire la transition entre les générations, ce qui est limite paradoxal quand on voit que l'œuvre elle-même est très largement devenue transgénérationnelle. Le héros, c'est Goku, point final (à une exception près). Quand bien même il déclare lui-même vouloir passer le flambeau à sa progéniture, c'est quand même lui qui finira le job à la fin. Faut dire que la course à la puissance n'a clairement pas aidé… Ça se vérifie d'ailleurs encore une fois avec DBS, auquel Toriyama participe activement.


Comme je ne sais pas trop comment conclure, je vais raviver une polémique, l'une de mes grandes passions. Je fais partie de ceux qui considèrent que 530.000 unités est la puissance MAXIMALE de Frieza, et que le dico Dragon Ball est une grosse connerie sans nom. Vous croyez vraiment que Bejita bloquerait une attaque frontale d'un ennemi 10 fois plus fort que lui, alors qu'il se fait massacrer par un Recoom pas si éloigné que ça de son niveau ? Et comme j'aime bien faire chier le monde, je suis également et logiquement d'accord avec les 100.000 unités en forme de taureau, la célèbre erreur de traduction de la VF… Je pense que Toriyama himself s'est planté (ça ne serait pas sa première boulette du manga), et qu'avec cette correction, le rapport de force est curieusement bien plus logique… Alors svp, oubliez les super puissances de x millions de milliards d'unités capables de compresser l'Univers par un simple éternuement…

Wyzargo
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le 11 juil. 2016

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